le message (ré-édition)

La nuit a froid ce soir
Les arbres tremblent
Au son du vent qui frissonne;
La mélodie des oiseaux
S’est suspendue dans l’obscurité
Et les mots que j’avais à te dire
Se sont gelés sur ma bouche.
Toi, même, semble pétrifié,
La nature t’a soufflé
Avant même que mon cœur ne te parle
Ce qu’il te fallait savoir

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avril 1987

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3 novembre 2009
(précédemment publié le 10 août 2008)

mais d’où tu sors, caroline??!

Le temps de pouvoir revisionner intégralement l’émission sur le Net, et me voilà enfin pour vous parler d’un « truc » qui, si je n’étais pas confortablement affalée sur le canapé ce soir-là, m’aurait sans doute valu une fracture du coccyx.

C’était Jeudi 22 Octobre, sur France 3. J’écoutais d’une oreille l’excellente émission de Frédéric Taddéï, « Ce soir ou jamais ». J’aime bien, parce que le journaliste ne traite pas à tout prix que de sujets d’actualité « brûlante », prend le temps certains soirs de parler de cinéma américain, de littérature française, ou de faire le bilan d’événements déjà passés par ailleurs dans les oubliettes de tous les médias. D’autre part, c’est l’une des rares émissions où le journaliste ne coupe pas la parole à ses invités, qui par rebond, ont le plus souvent la courtoisie d’attendre la fin d’une intervention pour faire valoir leur point de vue. A regarder et à écouter, c’est généralement fluide et agréable à suivre, chose vraiment devenue très rare, surtout lors des grand’ messes socio-politiques se dénommant, à tort, débats.

Ce soir-là, donc, Frédéric Taddéï avait invité plusieurs personnalités à se faire les commentateurs socio-politiques des deux ans et demi de mandat de Nicolas Sarkozy. Se trouvaient là Jean-François Kahn, François de Closets, et d’autres dont je n’ai hélas pas retenu le nom (un publicitaire notamment, un économiste je crois bien …) … et Caroline Bongrand, que je ne connaissais absolument pas.

La discussion passe donc en revue les gloires et les défaites du Président, ses atouts et ses faiblesses, Gandranges, Edvige, la crise financière … J’entends des choses intelligentes, d’autres  qui me le paraissent moins, j’apprécie la mesure de chacun dans ses propos et l’honnêteté, par exemple d’un Jean-François Kahn, dont on connaît la virulence envers Nicolas Sarkozy, à reconnaître certains points positifs (même si je n’adhère pas des masses).

Caroline Bongrand est sollicitée une première fois par Frédéric Taddéï, mais elle refuse et tout dans son attitude laisse penser qu’elle va nous servir une analyse aux petits oignons. Merde, c’est la seule femme sur le plateau, je ne connais rien d’elle, mais bon … si Frédéric Taddéï l’a invitée, c’est qu’elle est légitimement appelée à dire des trucs intéressants.

Je vous livre texto son intervention.

Je trouve ça très bien que Nicolas Sarkozy soit à la fois en haut et en bas, c’est-à-dire que à la fois il dirige et en même temps il soit proche des gens et qu’il soit capable d’aller rencontrer différentes personnes dans des situations difficiles. On a l’impression que c’est un Président proche des Français. Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, qu’on apprécie ou non ses initiatives, c’est un homme qui descend dans l’arène, qui remonte ses manches, qui a du courage, qui a de l’énergie, qui est entièrement dévoué à son pays et aux Français.

Bon, n’en jetez plus, déjà, personnellement, je décroche : le ton est passionné et admiratif. J’attends néanmoins une analyse, une argumentation.

Mais voilà la suite …

Euh, par ailleurs, si je puis me permettre, puisque je suis la touche féminine du plateau … La femme qui est sa femme est une femme que nous admirons tous, non
seulement parce qu’elle est très belle, mais parce qu’elle est élégante, et d’une élégance complète, c’est-à-dire non seulement elle porte des tenues Dior magnifiques mais surtout, elle a une élégance du coeur extraordinaire, elle est très impliquée sur le plan caritatif, c’est une femme qui donne. Les Français ne s’y trompent pas, on entend ça dans ses chansons, et on entend ça dans sa façon de s’impliquer. C’est une femme généreuse, c’est une femme extraordinaire. Si cette femme extraordinaire a choisi cet homme, c’est probablement qu’il  a quelque chose, … il a quelque chose! Parce que … voilà …

Là, je deviens très méchante, je me dis que seules les huîtres et les morues ont peut-être repris des couleurs en entendant cela. Moi, je suis blême. Blême devant l’argumentaire à la Gala / Voici / Closer / Paris Match / Paris VIIIè ou XVIè … Blême devant la caricature d’un certain féminisme … Je ne suis pas spécialement féministe, je considère d’abord que les hommes et les femmes sont des personnes toutes dignes d’un minimum de respect. Je suis bien contente que l’on nous ait enfin reconnu une âme et des droits comme celui de voter, de disposer de notre corps comme on l’entend, et de participer à des échanges de toutes sortes sur des tas de sujets en étant reconnues comme tout à fait capables d’argumenter, réfléchir, rebondir … Bref, le B.A.BA, en fait … Rien à rajouter.

Dans la seconde, un des invités dit quelque chose comme : « Mais nous on parle politique …« 

C. B. répond : « Mais justement, Frédéric Taddéï a pris le risque d’inviter une femme sur le plateau, je suis non seulement romancière mais je travaille aussi dans un magazine féminin et je pense que c’est important d’avoir, même si ça paraît tout d’un coup extrêmement léger, un regard féminin.« 

Quelques minutes plus tard, un autre invité s’étonne de la tournure de la conversation : « Je trouve que la discussion est très très curieuse. On a commencé en parlant d’économie, on a glissé très vite sur Dior, Carla Bruni …« 

Caroline Bongrand rétorque : « Mais Dior, c’est le patrimoine français!« 

S. Portelli : « Oui, mais c’est une conception très particulière de l’économie qui n’est pas forcément celle de tous les Français.« 

Bien, excusez-moi … j’ai un peu de ménage et de vaisselle à faire … Faut que je retrouve mon carré Hermès, là, pour la poussière.

Je vous laisse méditer.
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31 octobre 2009