futur climatique

Je profite du violent orage de la nuit dernière pour remonter un des premiers articles du blog … car il n’est nul besoin d’en changer un seul mot, une seule virgule, (à part que j’avais oublié de ramasser mon linge sec … ) sinon peut-être d’y ajouter une intense et fervente pensée pour la Nouvelle-Orléans.
*

*
Cette nuit, j’ai cru voir le futur

Ou alors, j’ai la mémoire courte
Cette nuit, vers 4 heures, des coups de tonnerre me réveillent ; le temps d’évaluer que l’orage est lointain, je me rendors.

Peu après, je me réveille à nouveau : quelque chose de puissant a soulevé mes rêves, balayé l’espace. Quelque chose de puissant s’est réveillé avant moi et galope à grande vitesse vers ma petite maison.

La pluie.

Elle tambourine à toutes les portes, à toutes les fenêtres, cherche à dissoudre le toit, les volets. Elle ruisselle et gargouille le long des gouttières, qu’elle transforme en « torrentières ».

Soudain je me rappelle : toutes les fenêtres de la maison sont ouvertes ! A l’entrée du bureau, un souffle brumisateur m’accueille et me presse d’aller fermer les vitres, je glisse sur le sol humide, j’éteins la prise de l’ordinateur.

Ma mission accomplie, me voici au salon, derrière la porte-fenêtre, bien éveillée maintenant. J’aime l’orage…

La pluie est d’une rare violence.

Les éclairs se chevauchent, je compte comme je peux pour calculer la distance entre leurs impacts et moi, et c’est souvent 300 mètres, et même moins…

*

*

… parce qu’il n’est plus besoin de compter quand le ciel te hurle au visage et secoue les vitres en déchirant la nuit de sauvages zébrures blanches et rouges ; nul besoin de compter quand les poils se dressent tandis qu’un terrifiant craquement cache provisoirement ce que je n’ai pas encore remarqué.

Le vent.

Il vient d’ailleurs.

Il vient de ces îles lointaines où les palmiers se couchent dans un torrent de tourbillons salés.

Il vient de là-bas, n’est-ce pas ?

Le figuier et le mûrier platane, voisins paisibles d’habitude, se fouettent mutuellement, battent retraite, repartent à l’assaut, se couchent et se redressent en feintes à peine esquissées.

Mon petit jardin m’abrite souvent du vent.

Là, c’est peut-être parce qu’il est petit que le vent piégé s’y bat aussi violemment.

J’entends alors son cri, le long d’une fenêtre mal fermée. Oui, il se débat, hurle et siffle et crache sur les arbres.

Je vois tout à la lueur du ciel sans cesse embrasé.

Oui, cette nuit, j’ai vu le futur climatique, peut-être.

J’ai vu le passé d’autres lieux de la planète.

Ou alors, j’ai la mémoire courte.

Belle insomnie ensuite … et un réveil tardif, au soleil revenu.

Les roses trémières sont au sol, les pieds de tomates ploient, l’herbe est couchée en tous sens comme sur les berges d’une rivière poissonneuse.

Bon, j’avais oublié d’arroser le potager, ça tombe bien…

.

* photo extraite d’un diaporama, je n’en connais pas l’auteur.

*

30 août 2012
(12 juillet 2008)

3 commentaires

  1. fée des agrumes
    Posté le 1 septembre 2012 à 22 h 20 min | Permalink

    J’ai lu ton article il y a quelques jours et ce matin, survint cette pensée: il y a une semaine ou deux, j’ai entendu un intervenant (un philosophe?) à la radio originaire de la Martinique. Il expliquait avec son accent de là- bas comment les tropicaux avaient une conscience très forte de la fragilité de l’homme dans son environnement parce qu’ils subissaient les volcans, les ouragans, les tempêtes en vivant sur une petite île perdue dans l’immensité de l’eau depuis des siècles. Il était question de ce mouvement perpétuel de l’existence humaine si vite balayée et de l’accueil de ceux qui y entraient en hymne à la vie, l’exemple de Haïtiens étant emblématiques car ils subissent des multitudes de catastrophes, en plus de la misère et pourtant, ils gardent la joie de vivre, la volonté d’être libres, de décider de leurs destins, de rester dignes et debouts. J’ai oublié bien de ses mots mais c’était beau et ton article est arrivé en écho.
    Il y a des liens comme ça qui rappellent combien, de par notre humanité, nous sommes tous reliés. <3 <3 <3

    répondre

    mariev répond:

    C’est sûr que postée derrière ma fenêtre, au chaud et au sec, ce type de pensées ne m’a pas traversée … :)

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  2. Posté le 7 septembre 2012 à 0 h 38 min | Permalink

    Suave, mari magno turbantibus aequora ventis,
    e terra magnum alterius spectare laborem;
    non quia vexari quemquamst jucunda voluptas,
    sed quibus ipse malis careas quia cernere suavest.

    (Premiers vers du De rerum natura de Lucrèce)

    répondre

    mariev répond:

    Quand les vents font tourbillonner les plaines de la mer immense, il est doux de regarder de la terre ferme le grand effort d’autrui; non parce que le tourment de quelqu’un est un plaisir agréable mais parce qu’il est doux de discerner les maux auxquels on échappe soi-même.

    Trois ans de latin, rien compris, Google fut mon ami, en espérant que cette traduction est correcte … !
    Oui … il y a de ça :smile:

    répondre

  3. Posté le 8 septembre 2012 à 14 h 51 min | Permalink

    20/20 !! 😉

    répondre

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