maroc insolite


Il s’est levé au chant du muezzin et n’a pas touché au pain dans la cuisine; c’est qu’il lui faut nourrir ses enfants sans manquement, s’assurer qu’ils deviennent forts et grands.

Il a bu un peu du lait de leur chèvre et mâchouillé le reste sur le bord de ses lèvres; puis il a compté les bouteilles de cette boisson étrange, étrangère.

Il a saisi le cageot sans dire mot, ignorant le couteau dans son dos; c’est qu’il faut préserver la mule, cette vieille somnambule, pour des tâches autrement plus ardues.

Il a marché plus d’une heure sans un mot, s’émerveillant encore des couleurs au jour nouveau; terre ocre ou poussière, pierres grises et bleues, quelques genévriers et des buissons secs…

Inspiration. Expiration. A l’unisson de ses pas solides accompagnés par quelques papillons.

L’air des montagnes est aujourd’hui mutin et lui a porté son chant cristallin longtemps avant qu’il aperçoive enfin ses crachats vifs et soudains.

Il pose le cageot dans le fougueux galop du petit ruisseau; dans quelques minutes, les bouteilles de verre seront aussi froides que la neige mère.

Elle vient de bien loin, de si haut, cette eau vive et gaie de s’être libérée des sommets glacés. Son chant sera la musique lancinante de sa longue attente.

trek dans le Massif du Toubkal, Maroc, juillet 1996

5 octobre 2008

les articles de Pandora sur son trek en Inde m’ont incitée à chercher mes photos de ma randonnée au Maroc, et que je me suis retrouvée à avoir envie d’en parler …
Pandora, Muse Première!   😉

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10 avril 2010
(précédemment posté le 5 octobre 2008)

croisière

 

Un passager prend la pluie sur le pont.

It’s cold outside.

Le chat roule et ronronne sur le lit.

It’s raining within my heart.

Pas de soleil et pas de ciel,

I want to sleep.

« No ! Wake up and look !

There is fire in the sky

And it’s hot outside. »

Une porte s’ouvre et rentre le sel.

« You’re right », she says.

« You had a bad dream », he says.

Elle ne sait pas.

Mais juste un peu d’apocalypse

Sur ce désert liquide ;

There is hope and there is love,

There is desire  –  Oh serre-moi fort.

I can feel my heart. I can feel my heart.

Un homme touche la joue d’une femme,

Une mouette passe en criant ;

I hate the sea – Actually.

Il regarde loin là-bas, lui.

L’horizon se décompose au fond de ses prunelles.

But I love my man  –  Yes.

L’air s’opacifie, petit à petit.

Il tient sa main. Frissonne.

« Oh ! Here is the moon, see ? »

Yes, here is the moon. Blue.

Comme ses yeux. Elle le regarde,

Il a la tête dans le ciel,

Les pieds sur le pont,

Les mains sur ses hanches rondes.

It’s the moon dance  –  And I like it.

Ses lèvres ont le goût du sel,

Elle fait la grimace.

Le chat passe  –  La mouette repasse.

Oh, shut up !

Une goutte d’eau sur sa paupière.

« It’s raining »

« No, your hair is still wet. »

Ses cheveux sont mouillés ?

Oh, I took a swim.

It was cold. Violent.

Spent my time fearing sharks would grab me.

What a day, I say.

Demain sera un autre jour.

Et avant, la nuit.

« Courons après le soleil ! »

What ?

Le moteur pétarade. Le bateau avance.

« Going West, it’s never night ! »

Oui, mais le soleil est plus rapide que toi, mon chou.

We are angels.

What kind of music would fit now ?

She wonders.

L’homme est à l‘avant. Les cheveux s’envolent.

Les bras tendus.

And the sun fell down from his hands.

« I told you. »

« I know. » C’était juste une envie.

« J’ai faim. »

Moi aussi.

« Let’s have some noodles ! »

Coulé. Parfois il ne comprend rien.

« No, let’s have some sex. »

Is it always like this ?

Les histoires d’amour finissent au lit.

Or begin.

Depends…

« D’accord pour les nouilles. »

L’océan est grand. Très grand.

And always the same.

I hate the sea, actually.

L’homme traverse une flaque d’or.

L’ombre gagne du terrain.

« We have no noodles… Forgot. »

Oh, but I love my man.

Avril 1990

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9 avril 2010
(précédemment publié le 28 octobre 2008)