Il s’est levé au chant du muezzin et n’a pas touché au pain dans la cuisine; c’est qu’il lui faut nourrir ses enfants sans manquement, s’assurer qu’ils deviennent forts et grands.
Il a bu un peu du lait de leur chèvre et mâchouillé le reste sur le bord de ses lèvres; puis il a compté les bouteilles de cette boisson étrange, étrangère.
Il a saisi le cageot sans dire mot, ignorant le couteau dans son dos; c’est qu’il faut préserver la mule, cette vieille somnambule, pour des tâches autrement plus ardues.
Il a marché plus d’une heure sans un mot, s’émerveillant encore des couleurs au jour nouveau; terre ocre ou poussière, pierres grises et bleues, quelques genévriers et des buissons secs…
Inspiration. Expiration. A l’unisson de ses pas solides accompagnés par quelques papillons.
L’air des montagnes est aujourd’hui mutin et lui a porté son chant cristallin longtemps avant qu’il aperçoive enfin ses crachats vifs et soudains.
Il pose le cageot dans le fougueux galop du petit ruisseau; dans quelques minutes, les bouteilles de verre seront aussi froides que la neige mère.
Elle vient de bien loin, de si haut, cette eau vive et gaie de s’être libérée des sommets glacés. Son chant sera la musique lancinante de sa longue attente.
trek dans le Massif du Toubkal, Maroc, juillet 1996
5 octobre 2008
les articles de Pandora sur son trek en Inde m’ont incitée à chercher mes photos de ma randonnée au Maroc, et que je me suis retrouvée à avoir envie d’en parler …
Pandora, Muse Première! 😉
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10 avril 2010
(précédemment posté le 5 octobre 2008)