sur la grève

Pour commencer, et bien cerner le personnage qui officie en ces lieux virtuels …
Je ne suis pas issue d’une famille de profs.
Mon père, issu d’un milieu modeste, a fait carrière dans la Marine un temps raisonnable pour rendre à l’Etat le coût de son éducation dans les écoles militaires, puis dans le public (divers ministères ou agences telles que l’ADEME), puis dans le privé.
Ma mère, issue d’un milieu bourgeois, s’est occupée de ses trois enfants, puis a beaucoup oeuvré dans le bénévolat social (écoute de gens au bout du rouleau, information sur la contraception, le planning familial dans des écoles, alphabétisation …)
Aucun historique de contestation sociale chez moi, pas de culture syndicaliste … ce qui n’a jamais empêché de longues discussions en famille sur des tas de sujets, des prises de becs, bien sûr, mais bon … la genèse familiale n’est pas le sujet de l’article …

Je suis devenue prof un peu au hasard, quoique (voir )
Pour les raisons familiales ci-dessus, et pour des tas d’autres raisons un peu longues à évoquer ici, je ne suis ni syndiquée, ni particulièrement corporatiste (j’ai eu des collègues franchement profiteurs…)
En revanche, je me sens de plus en plus mal dans la société telle qu’elle est devenue, et je vis de plus en plus mal mon métier (j’y reviendrai), d’abord parce que la société elle-même change et évolue vers des idées qui idéologiquement, humainement, ne me conviennent pas, mais aussi parce que les gouvernements sous lesquels j’ai enseigné ont pris pas mal de mesurettes finalement désastreuses sans jamais essayer de vraiment re-penser l’éducatif dans son ensemble. En quinze ans, j’ai vu se former un mille-feuilles indigeste plein de contradictions …

Donc, il m’est arrivé plus d’une fois de faire grève. Certaines ont quelque peu payé.
Petite question posée par Joye sur son blog : « Mais si les grèves sont efficaces, pourquoi les faites-vous si souvent? » … question non dénuée d’intérêt …
Réponses diverses à sa question : contrairement à d’autres pays, le dialogue social n’existe pas, la grève est l’un des seuls moyens de se faire entendre  /  ça évite de faire la révolution  /  parce que j’aurais le sentiment de n’avoir rien dit, rien fait
Oui, mais si elles donnent des avancées sociales, pourquoi continuez-vous? C’est que vous n’êtes jamais contents.
Possible.
C’est assez français, ça, c’est vrai.  😉

Ou tout simplement .. parce qu’on peut croire en un monde toujours meilleur.

Et là, malgré les grèves, malgré les changements de présidents … ça se dégrade. Là, je suis dépassée, comme tout le monde, les racines du mal sont lointaines, diffuses partout sur la planète désormais et pour l’instant hors de portée de notre champ d’action.

Ce qui ne veut pas dire que, du coup, je vais baisser les bras et vivoter une petite vie que j’ai le droit d’imaginer meilleure, plus partageuse, plus intelligente humainement, en attendant un hypothétique Messie. Je crois en l’action individuelle, d’abord … mais aussi en  l’union des actions individuelles, et aux initiatives et rassemblements citoyens.

Pour la grève … eh bien j’ai fini par me demander si c’était bien le meilleur moyen. D’année en année, cette forme de contestation s’est quand même mis à dos beaucoup de monde. Moi-même je reste perplexe face aux incessantes grèves à la SNCF, par exemple, à un moment donné, je suis perdue. Et quand on rentre dans un bras de fer (2003), on pénalise drôlement les élèves, et ce n’est pas spécialement pour me plaire … C’est quand même difficile d’agir au détriment de ceux que l’on défend. Cela ne paraît pas / plus être la bonne méthode.

Mais celle du 29, je voulais la faire (juste, j’ai été malade au point de faire le cachalot sous la couette), parce qu’elle n’était pas corporatiste, parce qu’elle n’était pas là (que) pour dire « je veux gagner plus« , « non à ceci« , « non à cela« , ni pour se plaindre expressément de la crise mondiale (qu’elle est là, et que quelque soit le gouvernement, c’est la merde, alors …), mais bien pour dire le ras-le-bol citoyen sur les manières et les actes d’un gouvernement et d’un président qui marchent sur la tête, nous écrabouillent de mépris, croient en le tout-sécuritaire, pensent surtout à faire des procès à des citoyens pour outrage au président (qui, lui, se permet un « casse-toi, pauv’ con » ultra infantile …), s’octroient des privilèges indécents, filent du fric aux banques (c’est provisoirement okay, vu le contexte) sans contrepartie bien définie (c’est dramatique), sacrifient l’éducatif, le social, la santé, la presse, la culture, et ne semblent pas avoir pris la mesure de la catastrophe économico-sociale que l’on a frôlée  –  et que l’on frôle toujours … , le tout au nom d’on ne sait plus quelle idéologie, sinon celle du fric, du copinage et de la réforme à tout prix.
Je ne suis pas contre certaines réformes.
Je crois bien qu’il va falloir qu’on apprenne à « décroître » en bien des domaines.
Sarko, l’est dans le caca comme tous les autres dirigeants de la planète, pas fastoche, de toute façon.
Mais … il n’y a pas une once d’écoute chez lui et ses sbires, pas une once d’observation, pas une once de réflexion humaniste, bien peu de décence …
Je ne vois que des décisions souvent arbitraires visant à conserver, reproduire, voire amplifier un système politico-économique de plus en plus désastreux pour la majorité de la population mondiale.

Quand la crise actuelle pourrait nous amener à re-penser l’essentiel, à ré-ouvrir notre horizon humain, le gouvernement français s’applique à appauvrir (matériellement, intellectuellement, philosophiquement, culturellement …). Même parmi ses électeurs, des voix commencent à s’élever contre lui …

Les collègues m’ont raconté. Cela faisait trrrèès longtemps qu’ils n’avaient vu autant de monde à une manif, au point que plusieurs participants ont eu des malaises, au point que F., quand il a levé les bras pour rehausser sa pancarte … il n’a pas pu les redescendre ; d’autres ont remarqué la présence de nombreux retraités. Et le tout s’est déroulé calmement, sans échauffourées … Les électriciens appelés à rétablir le courant dans le Sud-Ouest ont débauché une heure par solidarité, ou encore continué le travail en s’affichant grévistes (magnifique exemple de service public, de solidarité, sans esbroufe ni gloire).
Vu comme ça, cette grève, cette manifestation populaire, a été généreuse et intelligente. Un bon signal d’alarme.
Le tout serait de ne pas s’en tenir là.
Et c’est là que je pense que le mouvement devrait continuer sur une période à la durée indéterminée, et sans faire grève, d’abord parce que personne n’a aujourd’hui les moyens de se priver de dizaines de jours de salaire, ensuite parce qu’elle ne pourrait alors pas se mettre l’opinion publique à dos (voire même, elle interpellerait drôlement) et donc, enfin, parce qu’elle enverrait du coup un putain de message à nos gouvernants.
Après tout, si l’on est prêts à défendre une cause en perdant du salaire (2003 : j’ai touché 70% de mon salaire pendant 4 ou 5 mois à la suite de la longue mobilisation du printemps), donc en perdant sur du bien-être, on peut aussi le faire en-dehors de ses heures de travail, en prenant sur son temps libre … Une manifestation « tournante » où il y aurait toujours un minimum de x personnes dans la rue.
Ce pourrait être une révolution … oui …
Heureusement que par le passé, il y eut des révolutions, ce me semble …

Allez … on va terminer avec une note d’humour, trouvée chez Joye également. Honnêtement, j’ai bien ri … Parce que c’est sûr que vu de l’étranger, c’est bizarre ce truc …  😉


Petit cheminot (La Chanson du Dimanche / saison 2-5)

lachansondudimanche | MySpace Music Videos

J’arrive à Paris à l’aéroport
Je prends le train, c’est pas possible
J’arrive à Paris à l’aéroport
Je prends le bus, c’est pas possible
Tout le monde me dit aujourd’hui c’est la grève,
C’est quoi la grève ?
Petit cheminot où es-tu ?
Petit cheminot que fais-tu ?
Petit cheminot pense à moi !
Besoin de toi Petit cheminot I love you
Petit cheminot I need you
Petit cheminot ne me laisse pas
Chante avec moi Lalalalala Tchuf, Tchuf !
J’arrive à Paris place de l’Opéra,
Je veux le taxi, c’est pas possible
J’arrive à Paris place de l’Opéra,
Je veux le vélib, c’est pas possible
Tout le monde me dit
aujourd’hui c’est la grève,
Encore la grève ?
Petit cheminot où es-tu ?
Petit cheminot que fais-tu ?
Petit cheminot pense à moi !
Besoin de toi
Petit cheminot I love you
Petit cheminot I need you
Petit cheminot ne me laisse pas
Chante avec moi Lalalalala Tchuf, Tchuf !
Je vais à la Poste, pas possible
Je veux carte postale, pas possible
Je veux l’infirmière, pas possible
Je veux professeur, pas possible
Je veux fonctionnaire, pas possible
Je veux camionneur, pas possible
Je veux rugbyman, pas possible,
Je veux une pute, ça c’est possible
Tout le monde a la grève sauf les putes

et aussi

notamment pour le passage sur la Corée du Nord …

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31 janvier 2009

mimosa et sa bande annoncent : avant-première

Forcément .. le temps passe, le soleil passe et repasse, l’eau va et vient, pleure et rit, alors Mimosa et sa bande s’habillent pour le grand jour, celui, annuel, de l’Annonce Officielle de l’Arrivée de Jours Meilleurs
(euh … que dans le Sud … désolée)

Moi, je ne vous montre pas tout, non, non

Ben nous, on fait pas nos mijaurées !

Ça va péter !!

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Bientôt sur vos écrans !

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30 janvier 2009