sur les chemins

Souvenez-vous, cet été, je vous disais que la montagne ça me gagne …

Mais là, j’ai dû passer les trois jours les plus enneigés de toute ma vie!!

Déjà, j’ai cru que j’y arriverais jamais, dans cette petite station des Pyrénées, que je finirais dans un ravin pour cause que je suis partie à la montagne sans avoir de chaînes pour mes pneus … usés … Il neigeait depuis un peu après avoir quitté l’autoroute (mais la route était parfaitement dégagée), ça s’est intensifié au point qu’il ne valait mieux pas mettre les pleins phares sous peine de s’évanouir à voir ce tourbillon blanc spiralé se précipiter sur la voiture, genre je rentre dans un tunnel de l’espace-temps dont je ne ressortirai jamais, Cosmos 99 ou la 4ème dimension, et tout le tintouin.
Passé le village de base, d’où partent les téléphériques, la panique a commencé à me gagner … Là, la neige tenait bien au bitume, qui prenait des angles dangereusement pentus … Je croisais peu de voitures, elles descendaient toutes, très prudemment.

Puis ça a patiné légèrement une première fois, j’ai instinctivement lâché le volant pour laisser faire les roues, et j’ai repris la route. Au deuxième patinage, que j’ai parfaitement maîtrisé, je commençais à faire ma fiérotte, à me dire des trucs du genre « T’as jamais pris de leçon de conduite sur glace, mais tu as le truc, ma fille ». Au 3ème, j’ai vaguement pensé, surtout, qu’elle était bien longue cette montée ardue, que j’avais peut-être raté un panneau à gauche ou à droite (j’avais beaucoup de mal à déterminer où était la montagne, et où était le ravin), merdum … Hop, à la première aire de chaînage, je m’arrête et j’appelle. Allô? Est-ce que je suis sur la bonne route???? Apparemment, oui, t’es à deux minutes… Ah d’accord.

Et là … redémarrer depuis une aire de chaînage qu’est même pas horizontale … j’ai cru que j’étais foutue … Patinage pas artistique du tout, voiture qui glisse vers le bas (forcément … à moins d’un événement cosmique dont je n’ai pas pris connaissance). Ma mère qui choisit cet instant pour savoir si je suis bien arrivée, je décroche juste pour dire d’une voix tendue : « C’est vrai-ment-pas-le-mo-ment!! » (ch’uis méchante avec ma mère, hein …) Soudain … eurêka! Je passe la seconde … et les pneus accrochent enfin un peu, et j’ai pu repartir sur la route, mais ça faisait quand même comme si j’avais beaucoup beaucoup bu, un coup de cul à droite, une glissade, un coup de cul à gauche, le moteur qui stridule …
Mais j’avais la foi!
Et soudain, un ptit bonhomme sur la gauche. « Jean-Pierre? » – « Ah, c’est toi!! J’ai même pas reconnu la Kangoo! » (pour vous dire la neige …)
Je suis alors rentrée dans un joli petit décor de rêve, des chalets sous la neige, des petites lumières pour éclairer le chemin.

Le lendemain matin, y’avait 40 cm sur la voiture. Le lendemain soir, y’en avait 50 de plus. Soyons clairs … y’avait plus de voitures! Toutes ensevelies! Les gens du coin disaient qu’ils n’avaient pas vu ça depuis au moins 30 ans … 1m50 de neige à la station plus haut … donc fermée toute une journée pour cause de déclenchements d’avalanches de sécurité + damage, et caetera. On en a profité … pour dégager les voitures à la pelle (une matinée, ça nous a pris)
Et Vendredi, quand j’aurais enfin pu aller skier … suis tombée malade …

Pas grave, j’ai fait des photos, j’ai balancé Ursule dans la neige (la première fois, je me suis traitée de conne quand je l’ai vu englouti dans 1 mètre de neige, j’ai cru que je l’avais « noyé »!!), et je m’en suis pris plein les mirettes!

Après, je suis redescendue dans le Gers, où j’ai été encore malade quelques jours, mais il faisait beau et doux, y’avait des poules et des vaches, un feu dans la cheminée et pleins de gens adorables autour.

J’ai bien respiré …