voyage en islande

Trois chansons de l’album (..), du groupe islandais Sigur Ros, que j’ai découvert grâce à l’excellente Bande Son Originale de la série Queer as Folk.
Aucune chanson n’avait de titre sur l’album (untitled #1, untitled #2 …). Certaines en ont maintenant un.

Musique tranquille, profonde, aérienne …

La première, je la poste avec une pensée toute particulière, mélange d’émotions, pour Cécile et sa soeur Lucie, et pour Alexandra, ma soeur.

 

 

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31 janvier 2010

the giggling teacher

Yup!

Helloooooo!

Ah … well … désolée de vous avoir laissés avec ce boucan d’enfer, hum … on ne peut pas laisser trois ou quatre pauvres petits clips vidéo tous seuls sans qu’ils mettent le bazar, décidément!

Je voudrais revenir sur cette histoire d’énergie que je mentionnais ici et là dans l’article précédent. Après avoir posté ce billet, je me suis souvenu d’un truc que Fée des Agrumes m’a dit pendant une conversation téléphonique. Elle disait sentir une « force » en moi, et j’acquiésai car, même si à l’époque je me sentais plutôt faiblarde, pas très sûre de moi voire carrément anxieuse, je sais que « quelque chose » me tient, quelque chose de solide et d’indestructible, comme une barre de fer souple et chaude des pieds à la tête, comme une pulsation, ou un noyau dur … Très difficile à expliquer, vous remarquez …
Eh bien, je trouve que ces musiques racontent justement ça, à leur manière ; ce sont des musiques très puissantes, avec un flux constant d’énergie, et c’est ce que j’aime en elles, en plus d’être assez « brutes » (au sens de « primitives »). Elles font deux choses : elles DISENT cette force qui me porte, et elles la NOURRISSENT.

Depuis Lundi (et après avoir écouté plusieurs fois des morceaux comme ceux de cet article), j’ai la pêche. J’ai de l’énergie à revendre, et en classe, ça dépote. Je ne cesse de glousser, j’ai un sourire-banane dès que l’occasion se présente, je ne les lâche pas d’une semelle, j’invente des trucs en cours de route, des dizaines d’idées m’assaillent. Et sans que ça parte dans tous les sens (la description ci-dessus pourrait le laisser craindre), on s’amuse.
Le retour est immédiat. Des élèves qui sourient pendant une explication de grammaire sur le présent simple ; d’autres qui viennent me voir en fin d’heure pour me dire combien ils sont contents d’avoir une prof qui s’amuse dans son métier et les amuse du même coup en apprenant; des élèves qui se laissent aller à des jeux de mots ou de la fantaisie pendant le cours …

C’est chiant … C’est pas racontable du tout, en fait! Un jour, il faudrait que l’on se fasse filmer pendant que j’explique le présent simple, la prononciation de la terminaison en -ed du prétérit (séance d’abdominaux), que je donne des astuces de traduction … Je fonctionne beaucoup avec le visuel et le corps.

Bon, je vais essayer.

Par exemple, pour expliquer que le présent simple (par opposition au présent en BE+V-ing) s’utilise pour parler de « généralités », de choses qui se vérifient, se voient, se vivent dans un temps étiré et indéterminé, j’écarte les bras pour figurer la ligne du temps. Mon bras droit figure le passé, ma tronche représente le présent immédiat, et mon bras gauche le futur. J’explique que le verbe LOVE ne peut s’utiliser qu’au présent simple (à de rares exceptions près) parce que je LOVE le chocolat depuis qu’on nous a présentés (je remue la main droite et rajoute à voix basse : « Le coup de foudre!! »), que c’est toujours vrai au moment où je parle, là … (et je mets la tranche de ma main devant la bouche en parlant), et que ce sera vrai encore longtemps (je remue les doigts de la main gauche en expliquant que seule une crise de foie aiguë pourrait mettre un terme à cette passion). Puis j’effectue un mouvement de balancier avec les deux bras pour montrer que ce « présent » est très « large ». Je refais la zouave avec des exemples comme « Le soleil se lève à l’Est », « Les Français mangent des cuisses de grenouilles », « En période scolaire, je me lève à 6h30 tous les matins » etc … Ma ligne du temps va ainsi de quelques mois à plusieurs milliards d’années (mais je n’ai pas le bras long pour autant)

Par exemple, pour qu’ils se souviennent de répondre correctement aux « Yes-No questions » (les anglophones ne se contentent pas de dire « Yes » ou « No », ils reprennent le sujet et l’auxiliaire, galère), j’écarte (encore) les bras (c’est plus pratique que les jambes, là …). Tout en prononçant un beau « Has your mother got blue eyes? », ma main droite en l’air effectue des rotations comme si je tenais un objet rond. Et tandis que je donne la réponse : « Yes, she has« , ma main gauche fait mine de « piquer » le « has » et de le ramener à gauche, en l’air. Et je conclue avec les deux mains arrondies en l’air en répétant : « Has / has ». Et je continue avec des « Can » et des « Do » et des « Will » …

Par exemple, pour qu’ils mémorisent le mot « spring » (printemps / mot anglais qu’ils ont tendance à oublier le plus dans les 4 saisons), je leur raconte que ce mot a différentes significations. En tant que verbe, il veut dire « sauter, jaillir » et j’illustre avec un sonore « zboiiing » tout en sautillant dans la classe. En tant que nom, il peut vouloir dire « source » (zboiing et petits sautillements), mais aussi « ressort de matelas » (zboiing et petits sauts de la main). Puis je leur demande pourquoi il s’utilise pour désigner le printemps. Hey … ça ne prend pas trois dizièmes de seconde ; les réponses fusent : les fleurs jaillissent, les arbres se couvrent de vert, on a envie de sauter partout, zboiing, zboiiing, zboiiing!!!

Aujourd’hui, sans démonstrations corporelles particulières, j’ai passé une heure délicieuse avec les 4èPP (càd, dont je suis la Prof Principale). Entre jeux de mots rigolos impliquant les deux langues, fantaisies vocales d’un élève, réparties cinglantes de ma part, attaques en piqué sur l’auxiliaire DID, début de fou rire suite à une tentative d’humour d’une élève (qui a été la première à rire de sa blague vaseuse), et un exercice de traduction qui marchait de mieux en mieux, je suis ressortie toute joyeuse et sautillante.

zboiiing zboiiing

Aucune étude scientifique sérieuse n’ayant jamais été menée, et parce que mon manque naturel de confiance en moi me force à la modestie, je ne suis pas en mesure de dire si mes « méthodes » fonctionnent mieux que d’autres.
A mon avis, non.
En revanche … je m’amuse quand je travaille, et la plupart des gamins aussi.

Je dis « la plupart », parce que, comme Marc-Olivier Fogiel, « on ne peut pas plaire à tout le monde ».

Ainsi que mon article précédent l’a prouvé …

* la prof qui glousse

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28 janvier 2010