Je m’étais dégotté pour vraiment pas cher une paire de bottes en simili cuir (en plastique, quoi) noir. Du genre qui collent au galbe des mollets, assez tendance. Surtout, j’étais ravie de trouver une paire dont je parvenais à tirer la fermeture Eclair jusqu’en haut, la nature m’ayant dotée de superbes et puissants mollets de sportive dont je n’ai que très rarement tiré un bénéfice(quelques buts dans ma jeunesse). Cela dit, ça demandait quand même une petite gymnastique : m’asseoir, lever la jambe bien droite, pied en position « flex » pour étirer le mollet au maximum et remontée précautionneuse de la fermeture en jouant un peu de la cheville à chaque fois que je rencontrais une légère résistance. Je ne les portais donc pas très souvent.
Invitée à une soirée, j’enfile mes habits de lumière et mes chouettes petites bottes fashion. La soirée se déroule très bien, champagne, rires et blabla. Je rentre donc chez moi dans une douce euphorie tout en prévoyant que j’aurais sans doute la tête comme un melon le lendemain matin. Arrive le moment de quitter les bottes. A droite, tout va bien, mais la fermeture de la botte gauche se bloque à mi course. Et comme c’est une botte près du mollet, impossible de la retirer sans tirer la glissière jusqu’en bas ! Bien que légèrement éméchée, la patience dont je sais faire preuve dans ce genre de situation se manifeste. Je remonte et descends la fermeture de nombreuses fois, tout en douceur, certaine que ma « magic touch » finira par faire des merveilles. Las ! Après un quart d’heure de vains efforts, la perspective de me réveiller au matin en pyjama et chaussée d’une botte rebelle m’épouvante. Tant pis ! J’attrape les ciseaux et tranche dans le vif.
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14 avril 2010 (précédemment publié le 25 octobre 2008)
Un soir, je m’étais écroulée sur le canapé devant la télé allumée. Me suis réveillée dans la nuit (aucune idée de l’heure) au son d’une rythmique étouffée / étouffante qui m’a presque immédiatement hypnotisée (je suis très sensible à certaines rythmiques, j’adore la salsa, ou les percus africaines). D’humeur un peu glauque, je tourne un oeil à peine ouvert vers l’écran. Deuxième hypnose. Des images sombres, sales, avec des figures déformées, des silhouettes d’enfants encapuchonnés qui m’ont immédiatement évoqué un film d’horreur, des pulsations graphiques épousant la mélodie.
C’était glauque.
C’était flippant.
J’ai adoré.
J’ai même coupé la télé après, pour rester dans cette ambiance très très bizarre. J’avais tout juste réussi à déchiffrer le nom du groupe, en me promettant de ne surtout pas oublier.
C’était neuf, et pourtant familier, comme si j’attendais un truc pareil depuis longtemps.
J’étais étonnée qu’un truc aussi malsain me fasse autant d’effet, m’emplisse …
L’émission, c’était « Tracks », sur Arte.
Le clip, c’était « Silent Shout », du duo suédois The Knife (le frère et la soeur), qui signait là son 3è album (2006), très prisé par Björk, paraît-il.
Voici un extrait de critique (parce qu’ils disent certains trucs mieux que moi) : « Les 30 premières secondes déstabilisent carrément, beat-box avec effets synthé à la 2 Unlimited, je commence à transpirer en cherchant des yeux la sortie la plus proche. Et là, démarrent la voix et la vraie mélodie du morceau… et on ne touche plus le sol jusqu’à la fin […] » Le reste là (merci à eux)
Certains commentateurs racontent avoir découvert le clip et la musique alors qu’ils étaient sous acide, et avoir éprouvé un vrai malaise, une réelle frayeur, tout en étant fascinés. D’autres ajoutent que ce n’est pas la peine d’être « high » pour avoir les jetons et être fasciné. Perso, je n’ai pas eu « peur » … mais … en fait, ce sont des mots anglais qui me viennent pour tenter de décrire : « sick », « infectious », par exemple.
La pulsation rythmique de base, très basse (boum / boum boum) y est pour beaucoup ; sans elle, le morceau perd l’essentiel de sa puissance primitive
I never knew this could happen to me Je ne savais pas que ça pourrait m’arriver
I know now fragility Maintenant je connais la fragilité
I know there’s people who I haven’t told Je sais qu’il y a des gens à qui je ne l’ai pas dit
I know of people who are getting old. Je connais des gens en train de vieillir
Wish I could speak in just one sweep J’aimerais pouvoir dire, d’une seule traite
What you are and what you mean to me Ce que tu es et ce que tu signifies pour moi
Instead I mumble randomly Au lieu de cela je marmonne par moments
You stand by and enlighten me. Tu restes là et tu m’éclaires
In a dream I lost my teeth again Dans un rêve, j’ai encore perdu toutes mes dents
Calling me woman and half man M’appelant femme et demi-homme
Yes in a dream all my teeth fell out Oui dans un rêve toutes mes dents tombaient
A cracked smile and a silent shout Sourire cinglé et cri silencieux
A cracked smile and a silent shout Sourire cinglé et cri silencieux
If I explain it once thoroughly Si je l’explique une fois en détail
He’ll have you later ’cause it’s never free Elle t’aura plus tard car ce n’est jamais gratuit
You were at the gigantic spree Tu étais à cette grande fête
I caught a glimpse now it haunts me J’ai eu un bref aperçu et maintenant ça me hante
I caught a glimpse now it haunts me… J’ai eu un bref aperçu et maintenant ça me hante
Sur les sites de vidéos, les commentateurs restent assez perplexes devant les paroles – j’ai le chic pour aimer des chansons que je ne comprends pas! … Mais en recoupant quelques infos (apparemment, la chanson et le clip seraient inspirés de la BD de Charles Burns créée dans les années 80, « Black Hole« , où des ados des années 70 sont les victimes d’une MST qui déforme les corps et les visages, allégorie du malaise adolescent dans l’Amérique d’alors) et mon propre ressenti, j’en suis venue à penser qu’elles évoquent le sida et la mort. Ou tout du moins, la maladie et la mort. (C’est pour ça que j’ai traduit « He » à la fin par « Elle », car les anglophones masculinisent La Faucheuse)