la (re)découverte musicale du dimanche

GARY JULES présente MAD WORLD

Ce titre traite du malaise que ressentent certains enfants très tôt, de nombreux adolescents, et encore pas mal d’adultes. Une étrangeté, un décalage, dans ce « monde fou », très bien traduits par cette petite mélodie au piano, aussi douce qu’une petite comptine du soir, avec ce petit goût d’amertume, déjà la nostalgie, un bonbon acidulé qui picote les mâchoires et les tempes…

Le refrain
And I find it kind of funny, I find it kind of sad
The dreams in which I’m dying are the best I’ve ever had
I find it hard to tell you, I find it hard to take
When people run in circles , it’s a very very Mad World

(et je trouve ça plutôt drôle, je trouve ça assez triste
que les rêves dans lesquels je meurs sont les meilleurs que j’ai jamais faits
je trouve cela dur à te dire, je trouve difficile à avaler
quand les gens tournent en rond, c’est un monde très très fou)

Ce titre a été utilisé dans la bande originale du film « Donnie Darko », film étrange sur un adolescent … étrange.

et maintenant, la « surprise » du chef!
Voici le titre original, du milieu des années 80

TEARS FOR FEARS présente MAD WORLD

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Alors, quelle est votre version favorite?

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13 juillet 2008

femmes et loups

Voici le premier texte que j’ai publié sur le blog, cette fois-ci mis en valeur par de magnifiques photos tirées du livre de Jim Brandenburg : « Avec les Loups » (éditions Nathan; 2000)

Cette nuit, le loup m’a rendu visite.

Il m’a dit :
« Aime-les, protège-les, mais mange-les s’il le faut. Couche-toi, tapis-toi et écoute. Lève-toi et chasse. Lèche leurs larmes mais arrache-leur la bouche s’il le faut.

Retiens ton souffle et perce la nuit. Hurle tes peines et tes rires au vent, toujours.

Creuse sans relâche et fais-toi un abri chaud et sûr. N’oublie quand même pas de courir dans la neige, dans les près, juste pour bouger, et parce qu’il est bon de se croire parfois sans ennemis.

Mais tranche-leur la gorge s’il le faut. »

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Il s’est approché de moi, encore :
« Viens, caresse-moi. Aime-moi sans mesure, sans réserve. Mais n’hésite pas à me tuer s’il le faut. »

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20 Avril 2001

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J’ai écrit ce texte environ trois ans avant de découvrir Clarissa Pinkola Estes et son livre « Femmes qui courent avec les loups  –  Histoires et mythes de l’archétype de la Femme Sauvage »  (1992, 1995, Editions Grasset & Fasquelle 1996; Le Livre de Poche n°14785).
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Je souhaite vous livrer ici quelques extraits des 8 premières pages de l’introduction (qui en compte 27!)
Cette seule introduction m’a bouleversée, et m’a permis de comprendre ce texte rétrospectivement (car j’avoue que je tenais farouchement à chacun de ses mots, sans trop savoir pourquoi). D’aucuns m’ont demandé, goguenards ou perplexes, « Mais, c’est qui le loup? ». Une explication freudienne et populaire bien connue ne me convenait pas spécialement. Je savais que ça n’était pas de ce registre.
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Extraits

Le titre de cet ouvrage Femmes qui courent avec les loups, histoires et mythes de l’archétype de la Femme Sauvage, est né de mon étude de la biologie animale, en particulier des loups. Ce qu’on sait des loups Canis Lupus et Canis Rufus présente en effet des similitudes avec l’histoire des femmes, tant sur le plan de l’ardeur que du labeur.

Les loups sains et les femmes saines ont certaines caractéristiques psychiques communes : des sens aiguisés, un esprit ludique et une aptitude extrême au dévouement. Relationnels par nature, ils manifestent force, endurance et curiosité. Ils sont profondément intuitifs, très attachés à leur compagne ou compagnon, leurs petits, leur bande. Ils savent s’adapter à des conditions perpétuellement changeantes. Leur courage et leur vaillance sont remarquables.

Pourtant les uns et les autres ont été chassés, harcelés.

[….]

C’est donc pendant que j’étudiais les loups que le concept de l’archétype de la Femme Sauvage a pris forme pour la première fois dans mon esprit. J’ai également étudié d’autres animaux, les ours, les éléphants et les âmes-oiseaux  –  les papillons. Et les caractéristiques de chaque espèce éclairent de manière métaphorique la psyché intellectuelle féminine.

J’ai reçu par deux fois la Nature Sauvage en héritage. […] J’ai grandi près de la frontière entre Michigan et Indiana, entourée de bois, de vergers et de champs, et à proximité des Grands Lacs. Là, mon esprit a été nourri de tonnerre et d’éclairs. Toute la nuit, les champs de maïs craquaient et parlaient à voix haute. Plus haut vers le nord, les loups venaient caracoler et prier dans les clairières au clair de lune. Nous pouvions tous, sans crainte, nous abreuver aux mêmes ruisseaux.

[…]

J’ai eu beaucoup de chance de grandir dans la Nature. Là, la foudre, en tombant, m’apprenait la brutalité de la mort et la fugacité de la vie. Les nids de souris montraient qu’une nouvelle vie venait adoucir la mort. Quand je déterrais dans la glaise des « perles indiennes », des fossiles, je comprenais que longtemps, très longtemps auparavant, des êtres humains s’étaient trouvés là. J’ai découvert l’art sacré de la parure du corps avec des papillons monarques posés sur ma tête, des vers luisants en guise de bijoux nocturnes et des grenouilles vert émeraude pour bracelets.

Une louve tua l’un de ses petits mortellement blessé ; ce fut une dure leçon sur la compassion, sur la nécessité de permettre aux agonisants de mourir.

[…]

Quelles que soient ses influences culturelles, toute femme comprend intuitivement les mots femme et sauvage.

Quand les femmes entendent ces mots, un vieux, très vieux souvenir s’éveille, la mémoire de leur parenté absolue, indiscutable et irrévocable avec la féminité sauvage. Ce lien peut s’être distendu du fait de notre négligence ou avoir été mis hors la loi par la culture environnante. Il a pu avoir été domestiqué à l’excès ou bien encore nous avons cessé de le comprendre. […] Lorsque, parfois, nous en faisons l’expérience, même fugitivement, nous mourons d’envie de continuer.

[…]

Et quand nous découvrons sa trace, nous redoublons d’efforts pour nous rattraper, pour remettre tout au propre, nos amours comme notre esprit, pour tourner la page, rompre les ponts, enfreindre les règles, arrêter la planète. Car nous n’avons pas l’intention de continuer sans elle.

[Les femmes sauvages] savent instinctivement quand les choses doivent vivre et quand elles doivent mourir. Elles savent partir, elles savent rester.

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12 juillet 2008