J’ai un truc à vous avouer ….
Voui, voui, j’ai fait un trek dans le massif du Toubkal au cours de l’été 96, certes, ça en jette, mais moi, je suis rentrée un tout petit peu « muppet »
Le voyage, on se l’est payé avec une copine de boulot de l’époque; elle arrêtait pas de s’inquiéter des dénivelés affichés au programme (toujours supérieurs à 1000m), et moi je disais « mais non, ça va aller » … tout ça ; en vrai, je n’avais aucune idée consciente de ce que cela impliquait, ça me paraissait jouable compte-tenu du nombre de petites étoiles sur le guide du « trek-operator » qu’on avait choisi, genre ils disaient que la difficulté était moyenne
J’étais jeune et belle en bonne santé, pleine d’allant et d’énergie pour découvrir un pays et me coltiner un peu de sueur et de « roots »
Euh … oui … je fumais déjà pas mal … mais ça allait bien de ce côté-là, à l’époque 😉
D’entrée, j’ai eu du mal
D’entrée, j’ai trouvé les montées faramineuses, exigeantes, « coûteuses »
Très vite, il s’est avéré que mon corps ne s’adaptait pas correctement à l’altitude, que je ne fabriquais pas assez de globules rouges pour oxygéner mes petits muscles, toute guerrière que je me sentisse alors!
Très vite, j’ai formé mon petit « grupetto » à moi (voir chez Pandora qu’est-ce que c’est) : à savoir, un des deux guides pour moi toute seule, yeehee!
Donc, un coup, j’avais le guide, qui avait toujours le sourire, un coup j’avais la guide, qui me soutenait en disant qu’avec mes mollets et un peu d’entraînement, je pourrais être guide de montagne, warf warf (merci Papa pour les mollets de footballeur, mais en vrai, ils font rien qu’à être moches et me servent à rien)
Évidemment, j’arrivais à l’endroit de la pause avec 10 à 20 minutes de retard sur les autres qui, pressés de repartir, m’accordaient royalement 10 minutes pour souffler …
super photo ratée, tronche de Bob l’Eponge version nipponne durant tout le trek, d’ailleurs, personne
ne m’a reconnue sur les photos à mon retour … (« T’es où? » … « C’est qui, ça? » – véridique!)
Après, on attaquait la descente et là, quand même je grillais tout le monde, j’adorais ça ; faut pas croire, c’est pas facile la descente, ça peut te mettre les genoux en compote en un rien de temps, mais moi, j’étais comme Tintin dans un pierrier dans je sais plus quel album.
Sans compter un autre truc : ma collègue, N., avec qui nous avions décidé le voyage … s’est révélée insupportable : elle parlait TOUT LE TEMPS, en descendant, en montant, au coucher, au lever, tout le temps … souvent pour se plaindre
Se plaindre de quoi?!! elle parlait en montant, non stop, pendant 1600 mètres de dénivelé (= des heueuuuures), rien qu’à l’écouter, je perdais mon souffle
Il y eut une journée formidable, celle où nous avons effectué le plus gros dénivelé du trek : en partant du lac où nous avions bivouaqué, j’étais comme une gazelle!!
Ça a duré toute la journée … je me sentais bien!
Puis ce fut le point culminant du trek, forcément
L’ascension du Toubkal, point culminant (donc) du Maghreb, 4167 m
Nuit au refuge des Chasseurs Alpins, moche, mal entretenu ; comme toutes les nuits, nous avons dormi dans la tente, à 3200 mètres
J’ai eu froid … j’ai fait des cauchemars … j’arrêtais pas de me réveiller … on nous a levés plus tôt que d’habitude … j’étais toute bouffie, le souffle court, l’impression d’avoir une éponge dans le cerveau … dès les premiers mètres … l’enfer
Y’a eu des randonneurs très sympas pour rester avec moi
On m’a poussée, tirée … engueulée, insultée, câjolée, sEcOuéE … raisonnée …
J’ai abandonné à 4000 mètres
Je crois bien qu’à l’époque, c’est que ça m’était tout bonnement impossible, je ne pouvais plus faire les 167 m de dénivelé restants, j’avais cette affreuse sensation de vide qui picote dans le ventre, comme si tout dans mon corps allait lâcher d’une seconde à l’autre
Et bien sûr, aujourd’hui, je regrette …
Donc … je dois y retourner
Humpf … moi qui voulais faire le Kilimandjaro!!
c’est pas vraiment que je fasse la gueule …
Mont Toubkal, Maroc, Juillet 96 … 3800 mètres?
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7 octobre 2008