cette nuit, ai-je vu le futur?

Cette nuit, j’ai cru voir le futur

Ou alors, j’ai la mémoire courte
Cette nuit, vers 4 heures, des coups de tonnerre me réveillent ; le temps d’évaluer que l’orage est lointain, je me rendors.

Peu après, je me réveille à nouveau : quelque chose de puissant a soulevé mes rêves, balayé l’espace. Quelque chose de puissant s’est réveillé avant moi et galope à grande vitesse vers ma petite maison.

La pluie.

Elle tambourine à toutes les portes, à toutes les fenêtres, cherche à dissoudre le toit, les volets. Elle ruisselle et gargouille le long des gouttières, qu’elle transforme en « torrentières ».

Soudain je me rappelle : toutes les fenêtres de la maison sont ouvertes ! A l’entrée du bureau, un souffle brumisateur m’accueille et me presse d’aller fermer les vitres, je glisse sur le sol humide, j’éteins la prise de l’ordinateur.

Ma mission accomplie, me voici au salon, derrière la porte-fenêtre, bien éveillée maintenant. J’aime l’orage…

La pluie est d’une rare violence.

Les éclairs se chevauchent, je compte comme je peux pour calculer la distance entre leurs impacts et moi, et c’est souvent 300 mètres, et même moins…

*

*

… parce qu’il n’est plus besoin de compter quand le ciel te hurle au visage et secoue les vitres en déchirant la nuit de sauvages zébrures blanches et rouges ; nul besoin de compter quand les poils se dressent tandis qu’un terrifiant craquement cache provisoirement ce que je n’ai pas encore remarqué.

Le vent.

Il vient d’ailleurs.

Il vient de ces îles lointaines où les palmiers se couchent dans un torrent de tourbillons salés.

Il vient de là-bas, n’est-ce pas ?

Le figuier et le mûrier platane, voisins paisibles d’habitude, se fouettent mutuellement, battent retraite, repartent à l’assaut, se couchent et se redressent en feintes à peine esquissées.

Mon petit jardin m’abrite souvent du vent.

Là, c’est peut-être parce qu’il est petit que le vent piégé s’y bat aussi violemment.

J’entends alors son cri, le long d’une fenêtre mal fermée. Oui, il se débat, hurle et siffle et crache sur les arbres.

Je vois tout à la lueur du ciel sans cesse embrasé.

Oui, cette nuit, j’ai vu le futur climatique, peut-être.

J’ai vu le passé d’autres lieux de la planète.

Ou alors, j’ai la mémoire courte.

Belle insomnie ensuite … et un réveil tardif, au soleil revenu.

Les roses trémières sont au sol, les pieds de tomates ploient, l’herbe est couchée en tous sens comme sur les berges d’une rivière poissonneuse.

Bon, j’avais oublié d’arroser le potager, ça tombe bien…

.

* photo extraite d’un diaporama, je n’en connais pas l’auteur.

*

12 juillet 2008

Un commentaire

  1. commentaires rapatriés
    Posté le 27 février 2010 à 23 h 29 min | Permalink

    1) Un récit où la réalité dépasse la fiction, c’est bien conté, c’est bien écrit… c’est un régal, merci 😉 Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, tu a fait le 2000 ème commentaire sur mon blog (sur ça sent les vacances) et du coup tu gagnes (je ne l’avais pas annoncé mais c’était prévu) une magnifique carte postale, au hasard de l’Himalaya indien ;-)) (mais je peux t’en envoyer une de ma région si tu préfères ;-))) Faut juste que tu m’envoies ton adresse… si tu veux 😉
    Commentaire n°1 posté par pandora le 12/07/2008 à 14h04

    => Non, non l’Himalaya d’abord!!
    Oui, oui, je veux une carte postale!!
    Trop cool 😉
    Réponse de mariev le 12/07/2008 à 14h57

    2) Premiers pas sur votre blog et dans quelle atmosphère ! Moi aussi, j’étais levée à cette heure-ci mais pour une autre raison (mon chien, un peu détraqué…). Mais j’ai pu durant ce moment, observer les premières lueurs du jour qui vient malgré mes yeux encore ensommeillés ! Il est prenant votre texte. 😉 Bon week-end !
    Commentaire n°2 posté par Marianne le 12/07/2008 à 14h50

    => Ah oui, j’adore ça, l’été; être éveillée très tôt, voir le jour arriver et entendre les oiseaux s’éveiller…
    Réponse de mariev le 12/07/2008 à 14h58

    3) Un récit à la fois poétique (les éléments déchaînés), prémonitoire (pas trop j’espère !) et terre à terre (ça évite d’arroser…) Bravo Mariev.
    Commentaire n°3 posté par Jean-Jacques le 12/07/2008 à 16h34

    => C’est ça, la vie, du grandiose et du tout petit, de l’instinct archaïque et quelques pensées pratiques
    Merci
    Réponse de mariev le 12/07/2008 à 23h33

    4) j’adore l’orage également. quand il vient la nuit, il me réveille, alors je fais le tour de la maison, je rassure le chien et je vais à la fenêtre pour surprendre les éclairs. c’est fou ce qu’on se sent tout petit quand la foudre tombe tout autour de soit ! enfin, j’adore ta façon de le raconter.
    Commentaire n°4 posté par jlm le 12/07/2008 à 18h31

    => Nous sommes tout petits face à la Nature qui vit son truc, on a un peu trop tendance à l’oublier
    Merci
    Réponse de mariev le 12/07/2008 à 23h34

    5) J’ai apprécié le com sur mon blog, merci. Je trouve intéressantes les diverses suggestions qui émaillent le tien, et je compte bien participer à quelques unes … peut -être pas tout de suite, période estivale oblige ( qqs déplacements ou au contraire, invitations.) Une mention spéciale pour cette nuit tempêtueuse.
    Commentaire n°5 posté par Jaqlin le 12/07/2008 à 18h37

    => Merci beaucoup, Jaqlin, et au plaisir de te lire (je crois que j’ai du retard!)
    Belles promenades estivales à toi :)
    Réponse de mariev le 12/07/2008 à 23h37

    6) Très bel écrit, j’y suis sensible ! J’aime aussi l’orage et en ville sais-tu ce qu’il me manque et que tu dois avoir ? Les odeurs… Tu n’en parles pas dommage, je garde des orages en montagne cette magnifique odeur, comme la madeleine de Proust il suffit d’un peu de pluie sur l’herbe pour me faire revivre de grands moments d’orages en montagne où on se sent touti riquiqui !! BIZ Mariev
    Commentaire n°6 posté par Charlie le 12/07/2008 à 18h38

    => Ah, c’est évident, mon cher Charlie! Mais je n’y ai pas pensé parce que je n’ai pas eu l’heur de sniffer quoi que ce soit, enfermée dans mon bocal, et … parce que j’ai le nez un peu bouché, misère!!
    Réponse de mariev le 12/07/2008 à 23h40

    7) très beau texte en effet qui illustre bien mon sentiment à propos de l’orage…
    et je sais pas où tu habites, mais moi je suis dans le SUd Ouest, et j’ai vu Klaus en début d’année… qu’est ce qu’on se sent petit après ça… et encore, pas trop balayé chez nous…
    brise à toi… au lieu de bise, pour une fois!
    Commentaire n°7 posté par ChrisBouBou le 06/11/2009 à 01h55

    => Tu vois, hein … le beau et le terrible de la nature. Klaus … 1999 …
    Bises!
    Réponse de mariev le 06/11/2009 à 13h14

    répondre

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