Ce blog n’est pas un blog politique, mais je me sens de plus en plus heurtée, assommée, malmenée, ahurie … par rapport à ce qui se dit et ce qui se fait en France. Je ne peux cacher mon « anti-sarkozysme », en veillant à ce qu’il ne soit pas primaire. Je ne peux non plus cacher mon désarroi concernant les autres formations politiques du pays. Je ne peux non plus cacher combien je me sens perdue dans la mondialisation, les modèles économiques qui, à mon sens, n’en sont plus, les limites du système démocratique … Ca tournoie dans ma tête depuis plus d’un an, de plus en plus vite, de plus en plus violemment.
Je crois pouvoir affirmer que je suis loin d’être seule.
Maintenant je veux en parler, exposer aussi objectivement que possible (mais ça ne le sera jamais tout à fait), partager, et peut-être lire vos réactions.Ce blog n’est pas un blog politique, disais-je. Mais il témoigne de parties de ma vie où je m’exprime par les mots, les dessins, la musique. Les choix de textes, de thèmes d’écriture, de musique … me viennent de l’intérieur.
Et cet intérieur s’abîme parfois au contact de mon / de notre environnement. En tout cas, et malgré le cap que je cherche à maintenir (avec des valeurs, des personnes, des lectures, des actes…), cet intérieur est soumis, forcément aux aléas extérieurs.
Je commence par le fameux fichier EDVIGE. Si vous en avez le temps, l’envie et le courage, lisez mon assemblage de textes et analyses à ce propos, faites-vous votre propre opinion. OUAIS, je sais, c’est long, mais je ne me sentais pas de faire un résumé.
Et s’il vous chante de signer la pétition, c’est ici.
et si vous voulez lire un avis favorable à ce fichier c’est ICI
Et s’il vous chante de réagir, vous savez où c’est!
Merci.
LE TEXTE OFFICIEL ( en vigueur au 21 juillet)
(8 articles, accessibles entièrement sur le site de la pétition mis en lien plus haut)
Décret n° 2008-632 du 27 juin 2008 portant création d’un traitement automatisé de données à caractère personnel dénommé « EDVIGE »
[…]
Article 1 En savoir plus sur cet article…
Le ministre de l’intérieur est autorisé à mettre en œuvre un traitement automatisé et des fichiers de données à caractère personnel intitulés EDVIGE (Exploitation documentaire et valorisation de l’information générale) ayant pour finalités, en vue d’informer le Gouvernement et les représentants de l’Etat dans les départements et collectivités :
1. De centraliser et d’analyser les informations relatives aux personnes physiques ou morales ayant sollicité, exercé ou exerçant un mandat politique, syndical ou économique ou qui jouent un rôle institutionnel, économique, social ou religieux significatif, sous condition que ces informations soient nécessaires au Gouvernement ou à ses représentants pour l’exercice de leurs responsabilités ;
2. De centraliser et d’analyser les informations relatives aux individus, groupes, organisations et personnes morales qui, en raison de leur activité individuelle ou collective, sont susceptibles de porter atteinte à l’ordre public ;
3. De permettre aux services de police d’exécuter les enquêtes administratives qui leur sont confiées en vertu des lois et règlements, pour déterminer si le comportement des personnes physiques ou morales intéressées est compatible avec l’exercice des fonctions ou des missions envisagées.
Conformément aux dispositions de l’article 6 de la loi du 6 janvier 1978 susvisée, et dans la stricte mesure où elles sont nécessaires à la poursuite des finalités mentionnées à l’article 1er du présent décret, les catégories de données à caractère personnel enregistrées dans le traitement mentionné à l’article 1er et concernant des personnes physiques âgées de treize ans et plus sont les suivantes :
― informations ayant trait à l’état civil et à la profession ;
― adresses physiques, numéros de téléphone et adresses électroniques ;
― signes physiques particuliers et objectifs, photographies et comportement ;
― titres d’identité ;
― immatriculation des véhicules ;
― informations fiscales et patrimoniales ;
― déplacements et antécédents judiciaires ;
― motif de l’enregistrement des données ;
― données relatives à l’environnement de la personne, notamment à celles entretenant ou ayant entretenu des relations directes et non fortuites avec elle.
Les données collectées au titre du 1 de l’article 1er du présent décret ne peuvent porter ni sur le comportement ni sur le déplacement des personnes.
Le traitement peut enregistrer des données à caractère personnel de la nature de celles mentionnées à l’article 8 de la loi du 6 janvier 1978 susvisée. Celles de ces données autres que celles relatives aux opinions politiques, philosophiques ou religieuses, ou à l’appartenance syndicale ne peuvent être enregistrées au titre de la finalité du 1 de l’article 1er que de manière exceptionnelle. Il est interdit de sélectionner une catégorie particulière de personnes à partir de ces seules informations.
Le traitement ne comporte pas de dispositif de reconnaissance faciale à partir de la photographie.
Les données concernant les mineurs de seize ans ne peuvent être enregistrées que dans la mesure où ceux-ci, en raison de leur activité individuelle ou collective, sont susceptibles de porter atteinte à l’ordre public.
Les données collectées pour les seuls besoins d’une enquête administrative peuvent être conservées pour une durée maximale de cinq ans à compter de leur enregistrement ou de la cessation des fonctions ou des missions au titre desquelles l’enquête a été menée.
Dans la limite du besoin d’en connaître, sont autorisés à accéder aux informations mentionnées à l’article 2 :
― les fonctionnaires relevant de la sous-direction de l’information générale de la direction centrale de la sécurité publique, individuellement désignés et spécialement habilités par le directeur central de la sécurité publique ;
― les fonctionnaires affectés dans les services d’information générale des directions départementales de la sécurité publique ou, à Paris, de la préfecture de police, individuellement désignés et spécialement habilités par le directeur départemental ou, à Paris, par le préfet de police.
Peut également être destinataire des données mentionnées à l’article 2, dans la limite du besoin d’en connaître, tout autre agent d’un service de la police nationale ou de la gendarmerie nationale, sur demande expresse, sous le timbre de l’autorité hiérarchique, qui précise l’identité du consultant, l’objet et les motifs de la consultation.
Fait à Paris, le 27 juin 2008.
François Fillon
Michèle Alliot-Marie
LA REACTION DE LA CNIL
02/07/2008 – Les points sur lesquels l’avis de la CNIL a été suivi par le Ministère de l’Intérieur :
Le ministère de l’intérieur avait souhaité que le décret de création du fichier « Edvige » ne soit pas publié au Journal officiel. Dans un souci de transparence démocratique et d’information des citoyens, la CNIL a demandé à ce que ce texte soit publié afin que le débat public puisse exister. Elle a obtenu satisfaction puisque tant l’acte créant ce fichier que son avis ont été publiés.
La publication de la création de ce fichier a également pour conséquence juridique de permettre le contrôle sur place et sur pièces de ce fichier par la CNIL, ce qui constitue une garantie supplémentaire.
La CNIL a obtenu que le traitement ne fasse l’objet d’aucune interconnexion, aucun rapprochement ni aucune forme de mise en relation avec d’autres fichiers, notamment ceux de police judiciaire.
La CNIL a obtenu que l’enregistrement de données concernant les personnalités publiques, syndicales , religieuses ou politiques (élus locaux et nationaux) soit nettement plus limité que dans le projet de décret initial. Ainsi, le décret ne prévoit plus, notamment, l’enregistrement de données relatives au « comportement » ou aux « déplacements » de ces personnalités, ce qui garantit pleinement l’exercice de leurs fonctions. De même, la CNIL a obtenu que les données concernant l’orientation sexuelle ou la santé de ces personnalités ne soient enregistrées que de « manière exceptionnelle ».
Le projet de décret ne prévoyait aucune limite dans la durée de conservation des données enregistrées. La CNIL a obtenu qu’une durée limitée à 5 ans soit définie s’agissant des informations collectées sur une personne faisant l’objet d’une enquête administrative pour l’accès à certains emplois (de sécurité etc..).
La CNIL maintient ses réserves sur certains points :
Concernant la collecte d’informations relatives aux mineurs, la CNIL a rappelé son attachement à ce que le principe d’une telle collecte reste exceptionnel et soit entouré de garanties particulièrement renforcées. Elle a notamment exprimé le souhait que l’âge minimum lié à la collecte d’informations sur des mineurs soit de 16 ans, et non de 13 ans. La CNIL regrette la confusion de la rédaction retenue par le décret et le maintien du seuil de 13 ans pour les personnes dont l’activité est « susceptible de porter atteinte à l’ordre public ».
La question de l’âge des personnes susceptibles d’être enregistrées dans le fichier doit être mise en relation avec l’absence de limite dans la durée de conservation des données. En effet, si des mineurs peuvent être à l’origine de « troubles à l’ordre public », en revanche de tels faits ne doivent pas leur être opposés 30 ans après, voire plus. Le droit de changer, le droit à l’oubli, doivent être assurés pour tous, y compris pour les citoyens de demain.
La CNIL regrette que la possibilité de collecter désormais des informations relatives aux origines ethniques, à la santé et à la vie sexuelle des personnes ne soit pas assortie de garanties suffisantes. Elle sera particulièrement vigilante sur ce point et utilisera son pouvoir de contrôle pour s’assurer du caractère « exceptionnel » de l’enregistrement de ces données dans le fichier.
De même, la CNIL n’a pas obtenu d’informations précises sur les niveaux de sécurité technique entourant le fonctionnement du fichier « Edvige » ni sur l’existence éventuelle d’un dispositif de traçabilité qui permettrait de vérifier les conditions d’accès, par les autorités publiques, aux données figurant dans le fichier.
Enfin, la CNIL regrette l’absence dans le décret d’une procédure formalisée de mise à jour et d’apurement des fichiers. Elle prend acte cependant de l’obligation annuelle pesant sur le directeur général de la police nationale de rendre compte à la CNIL de ses activités de vérification, de mise à jour et d’effacement des informations enregistrées dans Edvige.
ANALYSE DU TEXTE PAR UN AVOCAT
Article 1. L’objet du fichier
(article entièrement accessible sur le site de la pétition mis en lien plus haut)
L’article 1 précise la cadre général. Il s’agit d’informer le gouvernement, et non pas la justice. Ce n’est pas interdit, et c’est même bien nécessaire. Le problème c’est de savoir le type d’information que le gouvernement, donc le ministère de l’intérieur, va stocker sur votre cas, sans contrôle judiciaire. Or, en démocratie, c’est le juge qui est le garant des libertés individuelles.
« Le ministre de l’intérieur est autorisé à mettre en œuvre un traitement automatisé et des fichiers de données à caractère personnel intitulés EDVIGE (Exploitation documentaire et valorisation de l’information générale) ayant pour finalités, en vue d’informer le Gouvernement et les représentants de l’Etat dans les départements et collectivités »
Qui est visé ? C’est très large.
Tout d’abord, les responsables divers et variés, élus militants, ou religieux, qui joue un rôle « significatif ». Comment poser la limite du significatif ? Mais cette surveillance du monde qui bouge, c’est assez une habitude ancienne.
Mais le fichier a aussi pour objet « de centraliser et d’analyser les informations relatives aux personnes physiques ou morales ayant sollicité, exercé ou exerçant un mandat politique, syndical ou économique ou qui jouent un rôle institutionnel, économique, social ou religieux significatif, sous condition que ces informations soient nécessaires au Gouvernement ou à ses représentants pour l’exercice de leurs responsabilités »
Ainsi, sont concernés toutes les personnes qui sont « susceptibles de porter atteinte à l’ordre public ». Ficher ceux qui troublent l’ordre public, oui ; mais, ficher ceux qui sont simplement susceptibles de troubler l’ordre public, ça devient grave ! Lisez, et dites moi comment vous être sûr que vous, vos amis, ou vos enfants ne seront pas fichés pour de motifs futiles ou illusoires. Et c’est d’autant plus inquiétant que les infos réunies ne sont pas rien.
Article 2. Les infos collectées
Voici les infos qui sont collectées. En plus de la liste classique de tous les éléments d’identification, le décret ajoute « les signes physiques particuliers » et le « comportement » , et les données « relatives à l’environnement de la personne, notamment à celles entretenant ou ayant entretenu des relations directes et non fortuites avec elle ». Donc, si vous côtoyez une personne susceptible de porter atteinte à l’ordre public, par exemple votre frère ou votre sœur, vous être fichés.
Ca se complique avec les données les plus intimes, et la rédaction du texte est particulièrement tordue. Allons-y.
Le décret : « Le traitement peut enregistrer des données à caractère personnel de la nature de celles mentionnées à l’article 8 de la loi du 6 janvier 1978 susvisée. »
Alors que mentionne cet article 8 ? « Les données à caractère personnel qui font apparaître, directement ou indirectement, les origines raciales ou ethniques, les opinions politiques, philosophiques ou religieuses ou l’appartenance syndicale des personnes, ou qui sont relatives à la santé ou à la vie sexuelle de celles-ci. » Donc, ajoutez toutes ces données qui relève de l’intime, et dont on ne sait sur la base de quelles preuves ou renseignements elles sont établies.
Mes opinions politiques, ma santé ou mes orientations sexuelles chez les flics parce que je suis susceptible de troubler l’ordre public! Vive la liberté ! Du jamais vu, et la seule limite que donne le décret est que ces informations sont recueillies « de manière exceptionnelle. » Eh, Nicolas, c’est quoi ces exceptions ?
Et après, le texte passe aux mineurs.
Le décret : « Les données concernant les mineurs de seize ans ne peuvent être enregistrées que dans la mesure où ceux-ci, en raison de leur activité individuelle ou collective, sont susceptibles de porter atteinte à l’ordre public. »
Ficher les mineurs, oui, en fonction des condamnations prononcées. Là, ça coince doublement. D’abord ce sont les mineurs « susceptibles de porter atteinte à l’ordre public ». Encore cette formule hyper-extensive. Et puis, le gouvernement a indiqué, lors de la préparation du décret, que « mineurs de 16 ans » veut dire « mineurs de 13 à 16 ans ». Les gamins de 13 ans susceptibles de faire les andouilles dans les fichiers, et avec toute la panoplie des informations ». Ce qui ne serait pas acceptable pour la justice, à savoir le juge des enfants, l’est encore moins pour le gouvernement. La République menacée par les enfants…
Article 3 ? Qui a accès à ces infos.
Réponse simple , tout le monde.
Le principe, c’est les service spécialisés, soit la sous-direction de l’information générale de la direction centrale de la sécurité publique, ou les services d’information générale des directions départementales de la sécurité publique.
Très bien, sauf que l’article ajoute à la liste « tout autre agent d’un service de la police nationale ou de la gendarmerie nationale, sur demande expresse ». Toute le monde je vous dis. Seule limite prévue par le décret : « dans la limite du besoin d’en connaître ». Tu parles d’une garantie !
Pour ma part, je ne trouve pas cela drôle du tout. Car, je souligne à nouveau, il ne s’agit pas d’informer les juges, mais le gouvernement. J’espère qu’un recours va être formé pour faire annuler ce décret liberticide. Car toute atteinte disproportionnée à nos libertés est contraire au droit.
LA REACTION D’UNE MAGISTRATE
(Accessible en entier depuis le site de la pétition mis en lien plus haut)
Un décret du 27 juin 2008 a soulevé l’indignation de la Ligue des Droits de l’Homme, du Syndicat de la magistrature, du Syndicat d’éducateurs SNPES PJJ (FSU), de la LCR, du PCF et du PS, car il autorise désormais le fichage, sous le doux nom de fichier « EDVIGE »(1), de toute personne « ayant sollicité, ou exercé un mandat politique, syndical ou économique ou qui joue un rôle institutionnel, économique, social ou religieux significatif ». En clair, tous les citoyens s’étant un jour investis dans la vie publique. On est vraiment dans le film « la vie des autres » puisqu’il s’agit bien de centraliser dans un fichier policier les opinions politiques ou syndicales de tout un chacun, pour peu qu’il soit secrétaire de section syndicale, conseiller municipal, ou membre d’un comité d’entreprise … Il est également prévu de ficher toute personne de plus de 13 ans, tout groupe ou organisation dont l’activité est « susceptible de porter atteinte à l’ordre public » et de permettre aux services de police « d’effectuer des enquêtes administratives pour l’accès à certains emplois ou à certaines missions ». Donc, les mineurs considérés comme menaçants par la police figureront dans Edvige, ainsi que toute personne qui voudra passer un concours administratif, ou avoir un emploi dans la sécurité.
La CNIL (2) a elle-même émis des réserves sur le très large accès à ce fichier, puisque tous les policiers et gendarmes de France pourront, « sur demande expresse », consulter toutes les informations relatives aux fréquentations, au comportement, aux déplacements, aux opinions au patrimoine, au véhicule…, avec « photographie et signes physiques particuliers » de l’intéressé.
C’est donc peu dire que ce nouveau fichier est gravement attentatoire aux libertés fondamentales, puisqu’il instaure une présomption de culpabilité avec fichage illimité pour toute personne engagée dans la vie publique et pour certains mineurs soupçonnés d’appartenir à des « bandes ».
Le prétexte de ce fichage massif est l’affrontement de deux bandes rivales dans le 19ème arrondissement de Paris, le 21 juin, laissant un blessé grave sur le trottoir, victime en outre d’insultes antisémites. Rachida Dati avait immédiatement annoncé qu’elle allait créer un fichier des « bandes ». Et elle en profite pour l’étendre aux bandes …de militants politiques ou syndicaux.
Comme d’habitude, on se saisit d’un fait divers malheureusement banal pour donner à la police des pouvoirs disproportionnés
[…]
Ainsi 16 lois sécuritaires ont été votées depuis 2002 (3), afin de donner toujours plus de pouvoirs à la police pour contrôler les identités, placer en garde à vue (4), effectuer des perquisitions, poser des écoutes téléphoniques et des caméras de video-surveillance.
De très nombreux fichiers policiers ont été créés, dont le STIC (5), qui contient 7,5 millions de fiches de « mis en cause », conservées pendant 20ans, et le FNAEG (6), qui n’est absolument pas un fichier spécialisé pour les délinquants sexuels, puisqu’y figurent pendant 25 ans les personnes interpellées pour vols, recel, dégradations et violences volontaires, outrages et rébellion.. C’est ce fichier FNAEG qui vaut à des nombreux militants le recueil de leurs empreintes ADN, sous peine d’être condamnés à un an d’emprisonnement.
Le point commun de tous ces fichiers de police est de contenir des fiches de mineurs et de personnes simplement soupçonnées par la police, dont beaucoup n’ont jamais été condamnées. Ainsi, s’agissant des bandes, il existait déjà, avant l’annonce de la création d’un fichier spécial, la possibilité de retrouver les mineurs ou les majeurs membres de groupes violents avec le STIC, le FNAEG….et le fichier « CANONGE », fichier policier légalisé par la loi 12 décembre 2005. Il permet à tout service de police judiciaire de classer par caractéristiques les personnes interpellées dans les années précédentes ; sur un simple clic d’ordinateur, la police peut retrouver une personne déjà connue, correspondant à un critère précis. Par exemple, si une victime a remarqué que son agresseur portait des lunettes, ou la barbe, ou avait une tâche sur le visage, ou telle couleur de peau, la police fait défiler sur l’écran des dizaines de photographies comportant ce signe particulier, avec une légende concernant les antécédents de la personne, Evidemment , le critère d’appartenance à une « bande »peut être lui aussi être entré dans le fichier Canonge, comme tous les autres critères, et sélectionné en cas de bagarres pour rechercher les auteurs. Si tant est, d’ailleurs, que ce critère ait un sens, alors qu’un adolescent peut très bien fréquenter des copains de son quartier sans pour autant être dans une bande organisée !
C’est ce que n’avaient pas vraiment compris les « Renseignements Généraux »(7) , qui avaient tiré de fumeuses explications « ethniques »des émeutes des banlieues en 2005, dans un rapport qui leur valu une plainte de SOS racisme.
C’est ainsi des principes tels que la présomption d’innocence, le droit à la protection de ses données personnelles, le droit à la sûreté (8) sont déjà fortement mis à mal par l’existence d’ innombrables fichiers de police (9), au nom de la « sécurité ».
[…]
Le véritable objet des lois sécuritaires est bien là : Il ne s’agit pas de lutter réellement contre la délinquance. Les chiffres calamiteux de la hausse des violences contre les personnes attestent d’ailleurs de l’inefficacité totale de la politique de tolérance zéro du gouvernement (10).
Le bénéfice idéologique recherché de cette idéologie sécuritaire est bien de masquer les réelles inégalités économiques et sociales de ce pays, la police étant utilisée comme le bras armé de la substitution de l’état pénal à l’état social.
Notes :
(1) « Exploitation documentaire et valorisation de l’information générale » .
(2) CNIL : Commission nationale de l’informatique et des libertés
(3) Voici la liste des 16 lois sécuritaires votées depuis 2002, auxquelles il faut ajouter deux autres textes pénaux de caractère technique sur les juges de proximité et l’équilibre de la procédure pénale : Loi programmation de la justice du 3 août 2002/ Loi Perben 1 du 9 septembre 2002/ loi Sarkozy du 18 mars 2003 sur la « sécurité intérieure »/ Loi sur l’immigration du 26 novembre 2003/ Loi sur l’asile 10 décembre 2003/ loi Perben 2, « criminalité organisée » du 9 mars 2004/ Loi 26 janvier 2005 sur les juges proximité/ Loi 18 novembre 2005 sur la déclaration de l’état d’urgence/ Loi 12 décembre 2005 sur la récidive/ Loi 23 janvier 2006 contre le terrorisme / Loi 31 mars 2006 , » égalité des chances »/ Loi immigration 26 juillet 2006 » immigration choisie »/ Loi prévention délinquance 15 mars 2007 / Loi récidive 10 août 2007/ Loi Hortefeux 20 novembre 07 sur les étrangers (tests ADN )/ Loi rétention de sûreté du 25 février 2008.
(4) Le nombre de gardes à vue a doublé depuis 2000 : 562 000 personnes ont été gardées à vue en 2007. Ce sont surtout les étrangers en situation irrégulière qui sont concernés par cette augmentation exponentielle des gardes à vue (ils représentent le quart des gardes à vue) et les usagers de stupéfiants , cannabis et crack surtout(43 000 en 2007 !)
(5) STIC : système de traitement des infractions constatées ; il est consulté 30 000 fois par jour (Le Monde 2007)
(6) FNAEG : fichier National automatisé des empreintes génétiques, créé par la loi Vaillant du 15 nov. 2001, dite « sécurité quotidienne », et étendu par la loi sécurité intérieure du 18 mars 2003. Il contient déjà 500 000 ADN.
(7) Les renseignements généraux ont fusionné avec la DST, au sein de la nouvelle DCRI (Direction Centrale du renseignement Intérieur), depuis le 1er juillet 2008 . On peut d’ailleurs se demander si le fichier Edvige n’est pas créé afin de donner un puissant outil de surveillance à ce nouveau service concentrant deux polices politiques jusqu’ici concurrentes.
(8) La Déclaration des Droits de l’Homme de 1789 n’a jamais proclamé le droit à la sécurité, mais le droit à la sûreté, c’est à dire le droit de ne pas subir l’arbitraire de l’état, ce qui est bien différent.
(9) 33 Fichiers de police et de gendarmerie ont été recensés en 2006 par Alain BAUER, président de Observatoire national de la délinquance(http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/064000885/index.shtml.
(10) Les violences contre les personnes ont augmentées de 14,1% depuis 2005 (sur la Seine St Denis la délinquance a augmenté de 7,6 % depuis janvier 2006), chiffres de l’observatoire national de la délinquance.
ET AUSSI
la réaction du syndicat de la magistrature
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21 juillet 2008
Un commentaire
1) J’ai deux problèmes avec ce billet :
1/ Il est trop long pour être lu sur un écran. Tu aurais dû mettre un lien vers les sites où se trouvent les textes originaux que tu as recopiés quasiment in extenso, ou encore mettre ces extraits dans un dossier archivé dans OB avec un lien interne. Tout ça pour dire que j’ai lu en diagonale sur la fin, mais je m’intéressais déjà à la chose avant.
2/ Comme tu le sais, la réalité n’est jamais toute blanche ou toute noire. Ici, tu nous donnes uniquement des positions « contre ». J’aurais donc bien aimé trouver aussi des avis de personnes défendant le projet, ou du moins des arguments expliquant les avantages qu’il peut y avoir à mettre en place un tel fichier centralisé. En effet, si on se borne à dénoncer les méfaits réels ou supposés d’un fichage pour des questions de principe sans expliquer pourquoi ce serait mauvais par principe, on a simplement une attitude dogmatique s’appuyant sur des a priori fondés sur son ressenti de « bonne conscience » et non sur une approche objective. J’aurais bien des choses à dire maintenant sur ce que je pense et pourquoi je le pense, mais la forme d’un long commentaire à ton texte n’y est pas vraiment propice. EN tout cas, bravo pour ne pas avoir peur de dire ce que tu penses, ce n’est vraiment pas le cas de tout le monde autour de moi.
Commentaire n°1 posté par Jean-Jacques le 21/07/2008 à 18h56
=> Pour la forme longue, je sais, mais mettre des liens ne garantit pas davantage que les visiteurs aillent lire, et j’aime autant avoir les écrits sur ma page (MA page)
Pour les avis favorables au fichier, j’ai mis un lien, mais j’ai cherché pendant une heure, RIEN trouvé (sauf sans des commentaires à des articles ici et là, ce qui n’était guère pertinent)
Il me semble que l’article de la magistrate montre que cette centralisation n’est guère justifiée, vue la prolifération récente de fichages en tous genres. Sachant que le fichier EDVIGE s’engage à NE PAS faire d’interconnections avec d’autres fichiers existants, quelle peut être alors la finalité de cette soit-disante centralisation??!! Sinon ce qui est dénoncé …
Tu as donc discuté du sujet autour de toi? Et tu t’es heurté à quoi exactement?
Réponse de mariev le 21/07/2008 à 19h29
2) Ma très chère Mariev, je viens ici te dire que tu as trouvé la réponse à l’énigme et donc j’ai enlevé ton com pour ne pas influencer les réponses de nos autres protagonistes !! T’y croyait pas trop mais tu avais raison, la preuve sera donnée en image Dimanche ! BIZ
Commentaire n°2 posté par Charlie le 21/07/2008 à 19h24
=> Oh, c’est vrai?? Ouais, ben c’est bien un truc de designer, c’est ce que je disais!! 😉
Réponse de mariev le 21/07/2008 à 20h39
3) Peux-tu être fichée en disant que tu es contre leur décret? Parce que tu peux troubler l’ordre public avec tes seules opinions… En fait tout le monde peut être fiché parce que tout le monde est susceptible de troubler l’ordre public… Exemple: je marche dans la rue, je glisse sur une peau de banane, ce qui me fait bousculer une femme, son copain est pas content et ça provoque une bagarre… hop, ça y est, j’ai troublé l’ordre public! Donc rien qu’en marchant dans la rue, je suis « susceptible » de troubler l’ordre public! Bien sûr les premiers à subir ce décret seront les producteurs de bananes..
Commentaire n°3 posté par Coq le 21/07/2008 à 21h29
=> Qu’on soit tous fichés, ou presque, n’est plus un mystère…
C’est justement le « susceptible de » qui me pose problème! Et ton absurde démonstration (néanmoins fort rigolote, bravo!) prouve l’absurdité de cette entreprise (bien moins marrante). J’ai pu entendre dire qu’au moins, tout serait clair; c’est vrai…
nous accepterions donc d’être clairement fichés … ça m’embête
En plus, j’adore la banane, on va pas commencer à emm… les producteurs de bananes (bio, of course)!
Réponse de mariev le 21/07/2008 à 23h10
4) Je déteste l’idée d’être fichée… mais je suppose que je le suis, étant mariée avec un étranger… Dans quel monde vit-on… surtout si on embête les producteurs de bananes… (comme on dit, vaut mieux en rire qu’en pleurer, mais bon ça me fait moyennement rire quand même ce genre d’histoires)
Commentaire n°4 posté par Coq le 22/07/2008 à 00h07
=> Le fichage, nous n’y pourrons rien, c’est fait depuis longtemps … mon frère s’est vu refuser un job voilà longtemps à cause d’une erreur de jeunesse, il n’a pas pu faire son service dans la Marine à cause de ça aussi; ce ne fut pas trop dramatique pour lui, à l’arrivée, mais d’autres se sont sans doute vus plonger dans une sacrée m… à cause d’un truc, un jour, y’a longtemps : d’où le problème ici du fichage de jeunes « susceptibles de… »
Bouh… y’a beaucoup à dire, du mauvais, et du bon aussi, figure-toi …je crois que je ferai un edit bientôt!
Belle journée!
Réponse de mariev le 22/07/2008 à 08h18
5) Oups Mariev, je reviendrai te lire la tête mieux réveillée, et avec plus de temps devant moi, parce que sinon je vais être à la méga bourre au boulot ;-)))
Commentaire n°5 posté par pandora le 22/07/2008 à 06h54
=> Oui, ça surprend, au réveil!
Bonne journée!
Réponse de mariev le 22/07/2008 à 08h19
6) Je suis curieuse… il a fait quoi ton frère comme erreur de jeunesse? (bien sûr tu n’es pas obligée de répondre si tu trouves ça indiscret, moi je suis comme ça, curieuse et directe, après on a droit de m’envoyer bouler 😉 surtout que objectivement ça ne m’apportera pas grand chose de le savoir, c’est juste de la curiosité stupide)
Commentaire n°6 posté par Coq le 22/07/2008 à 12h44
=> Les cigarettes qui font rire. C’est bête, hein?
Réponse de mariev le 22/07/2008 à 13h13
7) Coucou, Je ne suis pas certaine d’avoir tout compris. Je reviendrai encore pour m’informer sur ce « fichage. ( pas loin de « flicage » :p) Les 2/3 des lois ne sont pas appliquées parce qu’il n’y a pas les moyens matériels de les appliquer. Si certains ont tellement PEUR, qu’ils se rassurent derrière leur accumulation de textes législatifs. Les autres continueront de faire leur bout de chemin, qu’ils soient égarés, délinquants, bonnes âmes ou simples mal-venus au mauvais moment. je pense.
Commentaire n°7 posté par fée des agrumes le 22/07/2008 à 14h59
=> Eh bien, c’est le problème, c’est que ça reste un peu flou…
Enfin, après plusieurs lectures et discussions autour de moi, c’est un peu plus clair, maintenant, et j’en reparlerai ce soir, ou demain, ou Jeudi au plus tard.
Il est vrai que nombre de lois ne sont pas super bien appliquées, mais en l’occurrence, les tas de fichiers divers et variés créés ces cinq ou dix dernières années sont opérationnels, eux, donc EDVIGE le sera aussi, je pense!
Merci de ton passage 😉
Réponse de mariev le 22/07/2008 à 17h56
8) Ah effectivement c’est con qu’il ait pas pu faire ce qu’il voulait juste à cause d’une petite connerie comme ça… Y’a pas beaucoup de gens qui pourraient faire certains jobs, s’ils avaient réussi à choper tous ceux qui fument des « cigarettes qui font rire »…
Commentaire n°8 posté par Coq le 22/07/2008 à 15h10
=> Oui, cessons l’hypocrisie à ce propos!
Bon, en l’occurrence, je suis blanche comme neige, parce qu’elles me font pas rire, moi, pas du tout, elles me font flipper à mort avec crises de parano et tout!
A côté de ça, je fume comme un pompier….
HA!
Réponse de mariev le 22/07/2008 à 17h57
9) Ben ça fait peur…
Commentaire n°9 posté par pandora le 22/07/2008 à 22h03
=> Quoi qui te fait peur? Edvige, ou ma réponse au commentaire précédent? 😉
Réponse de mariev le 23/07/2008 à 08h25
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