déracinée

Yvelines  –  Janvier 1992
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Douleur du vide dans mon ventre  –  j’ai faim et je me sens un peu seule.
Poids de peine dans la poitrine  –  mon coeur ne bat que pour moi.
Fulgurances dans le crâne  –  prison pour l’esprit qui veut retrouver la chair.
Corps lourd. De plus en plus lourd.
Le sommeil me reprend quand j’ai peur,
Quand mes yeux ne veulent plus voir,
Quand je suis lasse de parler pour ne rien dire.
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L’insoutenable lourdeur de ne PAS être.
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Où est le soleil dans cette capitale enfumée, engluée, surpeuplée?
Le soleil est chassé au profit de la pénombre, de la saleté,
cacher la vérité
cacher la beauté
cacher les défauts
manger les mots
Les racines sont tranchées…
Je voudrais planter mes pieds dans la terre et, tel l’arbre, sentir la sève monter le long de mes jambes.
Et alors, le sang neuf atteindra mon coeur, nourrira ma cervelle et rougira un sourire sur mon visage.
Je tomberai à genoux et lancerai mes mains
Et mes doigts écarteront les nuages
Et je verrai un peu de ciel bleu qui coulera dans ma gorge

Soif étanchée
Ventre rassasié
Pieds replantés
Poumons libérés
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Oh … tendresse des collines vertes et douces, mélodieuse chanson des ruisseaux de montagne, lumineux bleu du ciel lavé à grande eau, rassurante fermeté de la terre lorsque je suis allongée,
Que vous me manquez,
Que vous nous manquez!

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28 juillet 2008

vingt ans?

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Banlieue parisienne, années 90

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Vingt ans?
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Nous aimons les dunes et le vent
La tempête aux airs de fin du monde
Et le soleil d’été qui brûle la vie
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Nous buvons le bleu du ciel de printemps
L’eau des pluies qui inondent
Des alcools au goût de chaque aujourd’hui
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Nous mangeons des épices violents
Des mots inventés aux saveurs fécondes
Et les paysages que les astres incendient
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Nous rêvons sous la lune au bleu glaçant
Au son de notes vagabondes
A la violence de l’émotion amie
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Mais nous foulons le béton
Le printemps a ici des relents d’essence
Nous buvons l’eau acide au goût de plomb
Le ciel a la couleur de la souffrance
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NB: je sais que le mot « épices » est féminin… Je ne le savais pas, ou n’ai pas voulu le savoir, en écrivant. Question : la licence poétique autorise-t-elle le changement de genre d’un mot?

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27 juillet 2008