empreinte de mammouth


Je suppose que comme pour moi, votre conscience écologique ne s’est pas réveillée le jour où on a commencé à en parler, où est sorti le film d’AlGore ou encore au moment du Grenelle de l’Environnement.
C’est d’abord et avant tout, notre contact avec la nature qui nous souffle, en petites brises ou violentes bourrasques, que sans elle, nous ne sommes rien. C’est une première visite dans un potager pour cueillir des fraises, les roulades dans l’herbe, une baignade dans l’océan, une promenade un peu ardue sur le flanc d’une colline ou d’une montagne, un pique-nique dans une pinède au lourd parfum de résine … qui nous « enseignent » que tout ce qui nous entoure et ne « parle » pas, ne « pense » pas, est doté d’une formidable énergie qui ne nous quitte jamais ; la Nature est toujours là, tout contre nous, chaude ou froide, brutale ou douce, piquante ou soyeuse, généreuse ou terrible …
Outre la capacité de notre cerveau à apprendre des faits (photosynthèse, cycles naturels, reproduction), à observer et déduire, nos cellules détiennent un « savoir » archaïque quant à notre place dans l’univers et aux liens intimes entre nous et le reste  –  l’eau, la terre, le feu, l’air, la vie, la mort, poussière tu retourneras poussière, humus ..

En plus de tout cela, j’ai vécu la chasse anti-gaspi du milieu des années 70 de manière aigüe : Papa nous a bien tout martelé dans la tête, et je ne quitte plus jamais une pièce sans avoir éteint les lumières ; c’est devenu génétique!

J’ai vite compris qu’un coquelicot n’est beau que dans les champs ou sur les bords de routes.

Mes premiers pleurs terribles, saccadés, irrépressibles … je les ai versés en voyant un reportage sur la Mer d’Aral.

Mais j’ai malgré tout mis un certain temps à mesurer combien chacun de mes gestes quotidiens pouvaient avoir une incidence parfois désastreuse sur ce qui m’environne … et me fait vivre ; aujourd’hui encore, je ne pense pas être au fait de tout ce qu’il faudrait faire / ne pas faire pour assurer la bonne marche de la nature, mais j’ai commencé d’intégrer pleins de petites choses en tenant raisonnablement compte des contraintes … parce qu’encore une fois, il ne s’agit pas de retourner dans la grotte, la peau d’Ursule sur mes hanches et un arc dont je ne saurais d’ailleurs que faire, vu que je suis assez nulle (par contre, je m’en sors très bien avec un flingue … misère!)

Tout ça pour vous dire que depuis quelque temps, la notion « d’empreinte écologique » apparaissait dans mon vocabulaire et mes pensées. J’ai fini par me décider à aller y voir de plus près, et je me suis retrouvée avec la possibilité de la calculer sur trois sites différents.
agir21
WWF France
La Cité des Sciences

Par chacune de nos activités, de la plus basique et quotidienne (manger, faire pipi, écrire ..) à la plus exceptionnelle (partir en voyage, se payer un chouette resto …), nous consommons des ressources naturelles.
Notre empreinte écologique est une estimation de la superficie dont la terre a besoin pour subvenir à nos besoins individuels. Elle est calculée en hectares (= 2 terrains de foot)
Les moyennes actuelles sont les suivantes :
Un Européen mobilise 5 ha
Un Américain mobilise 10 ha
Un Africain mobilise 1,1 ha
Un Français mobilise 5,6 ha
L’empreinte écologique considérée comme « soutenable » en tenant compte de la démographie mondiale galopante est évaluée à 1,8 ha.

Les questionnaires élaborés pour calculer son empreinte écologique portent sur la nourriture (proportion de viande / poisson, et de légumes frais locaux et de saison dans l’alimentation), l’habitat (superficie, énergie, isolation…), les transports (mode, type de véhicule, kilométrage …) et la consommation (papier blanc ou recyclé, gestion des déchets..)
Puis des conseils nous sont prodigués pour réduire notre empreinte.

Mes résultats :
agir21 : (12 questions)  => 5,95 ha ; il faudrait 4,5 planètes si tout le monde consomme comme moi
WWF France (11 questions)  => 5,1 ha; il faudrait 3 planètes
Cité des Sciences (18 questions)  => 5,2 ha ; il faudrait 2,9 planètes

Inutile de vous dire ma déception, mon humiliation même, au regard des efforts que je fournis!
Quoi … pour le coup, je suis verte!

Tel quel, ce genre d’outils ne devrait pas exister sans subir une sacrée amélioration  – Ouais, j’ai les boules –   Le questionnement est bien trop bref et simpliste par rapport aux nombreux facteurs qui déterminent réellement notre empreinte. Je l’ai quand même en travers, alors que je fais déjà pleins de petits trucs (refus de publicités dans ma boîte, eau, compost, jardinage bio, potager, noix de lavage pour remplacer lessive+adoucissant, produits ménagers et rares cosmétiques, bio ou faits maison, ampoules basse consommation, optimisation de mes déplacements en voiture  –  et je ne ferai pas 10 bornes de plus pour trouver du papier recyclé, c’est stupide!  –  , conduite souple et économique la plupart du temps ) dont quasiment aucun n’est mentionné dans les questionnaires! Et pour les bons conseils prodigués, j’en fais déjà la moitié! Donc, si j’ai bien suivi, il faudrait en fait que je quitte ma maison, que je m’installe en ville pour prendre les transports publics, ou que je sous-loue les chambres vides pour optimiser l’espace et l’énergie consommée, ou bien que je débourse un argent que je n’ai pas pour changer le système de chauffage, améliorer l’isolation, installer des panneaux photovoltaïques (22000 euros, je m’étais renseignée !!), que je ne mange plus de viande …
L’écologie, c’est un de mes « dadas » … mais pas comme ça, pas en me culpabilisant alors que je fais déjà pas mal  –  Ouais … c’est vraiment trop injuste …
J’ose pas imaginer celui qui fait le « test » parce que récemment décidé à s’informer et changer certaines habitudes. PAN sur le bec! La pédagogie est pas terrible, là …

Je veux bien considérer que j’ai l’empreinte d’un mammoutheau, allez … Parce que je sais bien aussi que j’ai encore pas mal de points faibles facilement solutionnables, si, si … Mais comme là, je suis déjà verte, pas envie de tendre le bâton pour me faire battre, non mais …  😉

Je rentrerai dans les détails à l’occasion d’autres articles … car le sujet, là aussi, est vaste et je ne vais pas vous agonir de centaines de lignes de lectures truffées d’informations.
(ouf ! vous l’avez échappé belle !)

Le mammoutheau assez « colère » et un peu vexé vous barrit ses plus cordiales salutations

Sur le sujet « vivre sans pétrole », qui est l’un des problèmes qui nous touche déjà et va nous heurter vraiment vite, voici un lien vers le 2è café-débat de jean-jacques, qui a traité de ce sujet très récemment

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13 octobre 2008

transports amoureux

J’ai rêvé de kilomètres de boue dans un air froid et détrempé sous un ciel noir aux bouffées colériques. J’ai rêvé d’une interminable promenade à marcher résolument vers … quoi ? Il me semblait que nous traînions des kilos de terre sous nos semelles, durcissions nos muscles sous des jeans imbibés de pluie froide, nettoyions notre corps en transpirant sous trois ou quatre tricots, puis pulls, rougissions notre visage, reniflions toutes les vingt secondes, répétions trois fois la même phrase avant qu’une bourrasque daigne les porter à nos oreilles, pour avancer sur un chemin qui ne menait qu’à nous. Nous étions deux petites silhouettes battues par les vents à tourner dans d’immenses champs vides et froids et longer de tristes haies juste pour avancer ensemble et nous retrouver ensemble au bout de cette promenade. Il me semblait qu’on marchait « nous », qu’on réchauffait « nous », qu’on éprouvait « nous », qu’on inventait « nous ». J’étais d’ailleurs silencieuse, à goûter cette incroyable magie de faire du beau, du doux, du mouvant, du chaud dans ce désert laid de gris, triste et figé de froid. Je n’en revenais pas et j’éclatais de bonheur dedans. J’ai longtemps rêvé de cette magie.

printemps 2004

Aucun express ne m’emmènera vers la félicité
Aucun tacot n’y accostera
Aucun Concorde n’aura ton envergure
Aucun navire n’y va
Sinon toi

Aucun trolley ne me tiendra si haut perché
Aucun vapeur ne me fera fondre
Des escalators au chariot ailé
J’ai tout essayé
J’ai tout essayé

J’ai longé ton corps, épousé ses méandres
Je me suis emporté
Transporté
Par delà les abysses, par-dessus les vergers
Délaissant les grands axes
J’ai pris la contre-allée
Je me suis emporté
Transporté

Aucun landau ne me laissera bouche bée
Aucun walhalla ne vaut le détour
Aucun astronef ne s’y attarde
Aucun navire n’y va
Sinon toi

J’ai longé ton corps, épousé ses méandres ….

Alain Bashung (et Jean Fauque)
in « Fantaisie militaire »
© 1998

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12 octobre 2008