des souris et des femmes #2

2006 – dans le village
Depuis que je suis installée dans ma maison, j’entends bien que ça gratouille et farfouille derrière les murs, mais je n’ai rien entrepris. Deux idées me révulsent : tuer des souris, et avoir des cadavres qui sèchent partout dans les murs, beurk.
Comme la nature suit son cours, la souris n’est pas célibataire, et avec son copain ils ont fait des petits qui commencent à pointer leur museau dans un monde nouveau et merveilleux. Je le sais grâce à Ursule le chien, que j’entends un jour s’exciter dans la cuisine. Ursule ne s’excite jamais dans la cuisine : il y prélève ses croquettes qu’il vient manger à mes pieds (rien à faire, c’est son truc) ou transforme en mini ballons de foot/basket/rugby pendant de longues minutes bruyantes.

Dans les quatre heures qui ont suivi, Ursule a croqué une souris. La deuxième, apparemment mal en point, s’est réfugiée sous le lave-vaisselle. J’ai pourchassé la troisième dans le salon avec la louable intention de l’attraper. J’y suis parvenue en mettant une bouteille sur son chemin de fuite, mais elle allait si vite qu’elle a dû s’y briser les os, sans mourir toutefois. J’ai retrouvé une quatrième souris, souffreteuse aussi, entre les pattes du chien qui, imaginatif comme il est, s’apprêtait à « jouer ».
J’ai mis les deux survivantes dans une boîte en carton garnie d’un chiffon, avec des miettes de pain et de fromage et un mini récipient d’eau. Bien sûr, elles ont rendu l’âme avant que la nuit tombe. J’ai détesté. J’ai surtout détesté être incapable de les tuer pour mettre fin à leurs souffrances. C’est très énervant d’être aussi « fleur bleue ».

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2 juin 2008

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